Je ne crois pas qu'il existait déjà un topic général sur le Jard'ac, mais étant abonné à Mediapart je suis tombé sur ce cocasse article.
https://www.mediapart.fr/journal/france/250617/une-filiale-de-lvmh-est-visee-par-une-plainte-pour-vols
La société Le Jardin d’acclimatation, filiale de LVMH, est accusée par un forain d’avoir mis la main illégalement sur ses manèges, d’une valeur de 4,5 millions d’euros.
Je vous copie-colle l'article, il s'agit d'un umbriglio juridique assez technique.
Depuis quelques années déjà, le puissant groupe LVMH (propriété de Bernard Arnault) a entrepris de moderniser le Jardin d’acclimatation, une institution parisienne située au Bois de Boulogne et jouxtant désormais sa prestigieuse Fondation Louis Vuitton, inaugurée en octobre 2014.
Côté pile, le géant du luxe communique abondamment sur les nouvelles attractions et animations de cet espace vert qui était gentiment désuet – on le connaît surtout pour son petit train et ses manèges « rétro » – et dont il a acquis la concession dès 1995 auprès de la Ville de Paris, avec quelques ambitions.
Côté face, les tarifs d’entrée et ceux des nombreuses attractions payantes ont connu une hausse conséquente, l’endroit se voulant plus « select », et un contentieux assez lourd oppose la société Le jardin d’acclimatation, filiale (via Ufipar) de LVMH, à l’un des sous-concessionnaires, le forain Roger Sacreste, 80 ans, présent sur le site depuis les années 1960.
Selon des informations obtenues par Mediapart, l’octogénaire a déposé le 21 avril une plainte avec constitution de partie civile pour « vols » et « tentative d’escroquerie au jugement » visant cette filiale de LVMH au tribunal de grande instance de Paris. La procédure devrait être confiée à un juge d’instruction dans les jours qui viennent, alors qu’une plainte simple avait précédemment été classée sans suite par le parquet de Paris.
« Mon père a commencé à travailler au Jardin d’acclimatation en y achetant son premier manège au début des années 1960. Sa mère et son frère y travaillaient aussi. Il s’y est beaucoup investi et a racheté plusieurs manèges, un par un, au fil des ans, jusqu’à les avoir quasiment tous », raconte Florian Sacreste, le fils du patriarche, qui a également travaillé sur place avec sa sœur. En 2015, la famille Sacreste possède 25 manèges, 10 stands de jeux et une boutique de souvenirs au Jardin d’acclimatation.
Mais les relations avec LVMH se sont gâtées depuis 2011, à la faveur de quelques incidents sur des manèges. « C’est un prétexte, notre responsabilité n’était pas en cause », assurent les forains. En février 2012, la société Ludo Vert des Sacreste père et fils (respectivement président et directeur général) reçoit un courrier par lequel la société Le Jardin d’acclimatation veut résilier de façon anticipée les contrats de sous-concession qui les lient. « LVMH veut faire place nette, en débarquant les derniers indépendants pour devenir le seul maître à bord, en prévision de l’ouverture de la luxueuse Fondation Louis Vuitton à quelques pas de là », explique la famille Sacreste. De fait, LVMH aurait investi quelque 25 millions d’euros ces dernière années dans le Jardin d’acclimatation.
Très pressée de se débarrasser des forains, la filiale de l’empire Arnault saisit, pour ce faire, le tribunal administratif de Paris début 2012. Mais la résiliation des contrats lui est refusée, dans une décision rendue le 3 avril 2013 et confirmée par la cour administrative d’appel de Paris le 4 décembre 2014. Qu’à cela ne tienne, la société Le Jardin d’acclimatation saisit le Conseil d’État, qui renvoie l’affaire à la cour administrative d’appel. Cette procédure n’est toujours pas achevée à ce jour.
Roger Sacreste continue donc à exploiter ses manèges, sa sous-concession courant jusqu’en décembre 2015. Mais en octobre 2015, nouveau rebondissement : il reçoit un courrier du Jardin d’acclimatation lui proposant de proroger jusqu’en septembre 2016 les conventions de sous-concession. Et en décembre, il est destinataire d’un projet d’avenant assez curieux. Sous couvert de modifier la durée de la sous-concession, cet avenant prévoit en effet que les manèges de Ludo Vert seraient, à terme, considérés comme des « biens de retour », comme s’ils appartenaient depuis l’origine à la Ville de Paris, au même titre que les bâtiments du Jardin d’acclimatation. Roger Sacreste serait alors dépossédé de ses biens, qu’il avait achetés sur plusieurs années pour un montant de 4,45 millions d’euros. « On pouvait rester dix mois de plus en acceptant de signer, mais on n’avait plus rien à la fin », résume Florian Sacreste.
Or, cette qualification de « biens de retour » n’avait jamais été évoquée jusque-là dans les différentes conventions passées. Entre autres documents en la possession des Sacreste, une attestation du 6 janvier 1998, signée par le directeur général du Jardin d’acclimatation, confirme que le matériel installé par les forains « demeure la pleine propriété de chaque exploitant ». En 2012, la filiale de LVMH a d’ailleurs racheté à un autre forain (la société EC Loisirs et Nature) ses deux manèges pour la somme de 500 000 euros.
Roger Sacreste refuse de signer l’avenant qu’on lui soumet. Il devient donc « occupant sans droit ni titre » à partir de décembre 2015, à la fin de la sous-concession, et il entreprend de démonter ses manèges en janvier 2016. « Tous nos manèges sont démontables. On avait le droit de les démonter, alors que nos stands et nos boutiques sont en dur et devaient rester sur place. Mais ils ont aussitôt envoyé la police, et le PDG du Jardin d’acclimatation, Marc-Antoine Jamet, est venu sur place pour remettre un courrier à tous nos employés, en leur disant que nous cessions nos activités, que les manèges restaient, qu’il y avait une obligation de service public et qu’ils reprenaient l’exploitation et les salariés. On a été mis dehors par des agents de sécurité et on a tout perdu », raconte Florian Sacreste.
Une nouvelle procédure (en référé) démarre au tribunal administratif. La filiale de LVMH prétend alors que les « biens de retour » devant rester sur le site sont visés dans un avenant qui avait été conclu le 29 mai 2015 avec la Ville de Paris pour proroger sa concession de neuf mois. Mais vérification faite, il s’avère que l’annexe censée détailler ces fameux biens n’existe pas. Les Sacreste en concluent que Le Jardin d’acclimatation a voulu tromper la justice administrative pour accaparer leurs manèges, d’où la plainte pour « vols » et « tentative d’escroquerie au jugement ».
Ironie de l’histoire, la filiale de LVMH a soutenu que les attractions de Ludo Vert étaient « indispensables » au fonctionnement du Jardin d’acclimatation, lorsqu’il s’est agi de mettre la main dessus. Mais en février dernier, Roger Sacreste s’est aperçu que deux de ses manèges (le Grand Carrousel et le Petit Carrousel) avaient été mis en vente…
Sollicité à plusieurs reprises par Mediapart pour donner son point de vue, le PDG du Jardin d’acclimatation, Marc-Antoine Jamet, n’a pas donné suite. Embauché par Bernard Arnault en 2001, cet ancien collaborateur de Laurent Fabius, élu PS en Normandie depuis une quinzaine d’années, est l’influent secrétaire général du groupe LVMH. Une fonction qui lui a valu d’apparaître dans une scène remarquée du film Merci patron ! de François Ruffin.
https://www.mediapart.fr/journal/france/250617/une-filiale-de-lvmh-est-visee-par-une-plainte-pour-vols
La société Le Jardin d’acclimatation, filiale de LVMH, est accusée par un forain d’avoir mis la main illégalement sur ses manèges, d’une valeur de 4,5 millions d’euros.
Je vous copie-colle l'article, il s'agit d'un umbriglio juridique assez technique.
Depuis quelques années déjà, le puissant groupe LVMH (propriété de Bernard Arnault) a entrepris de moderniser le Jardin d’acclimatation, une institution parisienne située au Bois de Boulogne et jouxtant désormais sa prestigieuse Fondation Louis Vuitton, inaugurée en octobre 2014.
Côté pile, le géant du luxe communique abondamment sur les nouvelles attractions et animations de cet espace vert qui était gentiment désuet – on le connaît surtout pour son petit train et ses manèges « rétro » – et dont il a acquis la concession dès 1995 auprès de la Ville de Paris, avec quelques ambitions.
Côté face, les tarifs d’entrée et ceux des nombreuses attractions payantes ont connu une hausse conséquente, l’endroit se voulant plus « select », et un contentieux assez lourd oppose la société Le jardin d’acclimatation, filiale (via Ufipar) de LVMH, à l’un des sous-concessionnaires, le forain Roger Sacreste, 80 ans, présent sur le site depuis les années 1960.
Selon des informations obtenues par Mediapart, l’octogénaire a déposé le 21 avril une plainte avec constitution de partie civile pour « vols » et « tentative d’escroquerie au jugement » visant cette filiale de LVMH au tribunal de grande instance de Paris. La procédure devrait être confiée à un juge d’instruction dans les jours qui viennent, alors qu’une plainte simple avait précédemment été classée sans suite par le parquet de Paris.
« Mon père a commencé à travailler au Jardin d’acclimatation en y achetant son premier manège au début des années 1960. Sa mère et son frère y travaillaient aussi. Il s’y est beaucoup investi et a racheté plusieurs manèges, un par un, au fil des ans, jusqu’à les avoir quasiment tous », raconte Florian Sacreste, le fils du patriarche, qui a également travaillé sur place avec sa sœur. En 2015, la famille Sacreste possède 25 manèges, 10 stands de jeux et une boutique de souvenirs au Jardin d’acclimatation.
Mais les relations avec LVMH se sont gâtées depuis 2011, à la faveur de quelques incidents sur des manèges. « C’est un prétexte, notre responsabilité n’était pas en cause », assurent les forains. En février 2012, la société Ludo Vert des Sacreste père et fils (respectivement président et directeur général) reçoit un courrier par lequel la société Le Jardin d’acclimatation veut résilier de façon anticipée les contrats de sous-concession qui les lient. « LVMH veut faire place nette, en débarquant les derniers indépendants pour devenir le seul maître à bord, en prévision de l’ouverture de la luxueuse Fondation Louis Vuitton à quelques pas de là », explique la famille Sacreste. De fait, LVMH aurait investi quelque 25 millions d’euros ces dernière années dans le Jardin d’acclimatation.
Très pressée de se débarrasser des forains, la filiale de l’empire Arnault saisit, pour ce faire, le tribunal administratif de Paris début 2012. Mais la résiliation des contrats lui est refusée, dans une décision rendue le 3 avril 2013 et confirmée par la cour administrative d’appel de Paris le 4 décembre 2014. Qu’à cela ne tienne, la société Le Jardin d’acclimatation saisit le Conseil d’État, qui renvoie l’affaire à la cour administrative d’appel. Cette procédure n’est toujours pas achevée à ce jour.
Roger Sacreste continue donc à exploiter ses manèges, sa sous-concession courant jusqu’en décembre 2015. Mais en octobre 2015, nouveau rebondissement : il reçoit un courrier du Jardin d’acclimatation lui proposant de proroger jusqu’en septembre 2016 les conventions de sous-concession. Et en décembre, il est destinataire d’un projet d’avenant assez curieux. Sous couvert de modifier la durée de la sous-concession, cet avenant prévoit en effet que les manèges de Ludo Vert seraient, à terme, considérés comme des « biens de retour », comme s’ils appartenaient depuis l’origine à la Ville de Paris, au même titre que les bâtiments du Jardin d’acclimatation. Roger Sacreste serait alors dépossédé de ses biens, qu’il avait achetés sur plusieurs années pour un montant de 4,45 millions d’euros. « On pouvait rester dix mois de plus en acceptant de signer, mais on n’avait plus rien à la fin », résume Florian Sacreste.
Or, cette qualification de « biens de retour » n’avait jamais été évoquée jusque-là dans les différentes conventions passées. Entre autres documents en la possession des Sacreste, une attestation du 6 janvier 1998, signée par le directeur général du Jardin d’acclimatation, confirme que le matériel installé par les forains « demeure la pleine propriété de chaque exploitant ». En 2012, la filiale de LVMH a d’ailleurs racheté à un autre forain (la société EC Loisirs et Nature) ses deux manèges pour la somme de 500 000 euros.
Roger Sacreste refuse de signer l’avenant qu’on lui soumet. Il devient donc « occupant sans droit ni titre » à partir de décembre 2015, à la fin de la sous-concession, et il entreprend de démonter ses manèges en janvier 2016. « Tous nos manèges sont démontables. On avait le droit de les démonter, alors que nos stands et nos boutiques sont en dur et devaient rester sur place. Mais ils ont aussitôt envoyé la police, et le PDG du Jardin d’acclimatation, Marc-Antoine Jamet, est venu sur place pour remettre un courrier à tous nos employés, en leur disant que nous cessions nos activités, que les manèges restaient, qu’il y avait une obligation de service public et qu’ils reprenaient l’exploitation et les salariés. On a été mis dehors par des agents de sécurité et on a tout perdu », raconte Florian Sacreste.
Une nouvelle procédure (en référé) démarre au tribunal administratif. La filiale de LVMH prétend alors que les « biens de retour » devant rester sur le site sont visés dans un avenant qui avait été conclu le 29 mai 2015 avec la Ville de Paris pour proroger sa concession de neuf mois. Mais vérification faite, il s’avère que l’annexe censée détailler ces fameux biens n’existe pas. Les Sacreste en concluent que Le Jardin d’acclimatation a voulu tromper la justice administrative pour accaparer leurs manèges, d’où la plainte pour « vols » et « tentative d’escroquerie au jugement ».
Ironie de l’histoire, la filiale de LVMH a soutenu que les attractions de Ludo Vert étaient « indispensables » au fonctionnement du Jardin d’acclimatation, lorsqu’il s’est agi de mettre la main dessus. Mais en février dernier, Roger Sacreste s’est aperçu que deux de ses manèges (le Grand Carrousel et le Petit Carrousel) avaient été mis en vente…
Sollicité à plusieurs reprises par Mediapart pour donner son point de vue, le PDG du Jardin d’acclimatation, Marc-Antoine Jamet, n’a pas donné suite. Embauché par Bernard Arnault en 2001, cet ancien collaborateur de Laurent Fabius, élu PS en Normandie depuis une quinzaine d’années, est l’influent secrétaire général du groupe LVMH. Une fonction qui lui a valu d’apparaître dans une scène remarquée du film Merci patron ! de François Ruffin.