Cet intitulé de post faisant complètement résonance à mon parcours de vie, j'apporte ici mon témoignage car ma passion des montagnes russes est liée de trés près à mon cerveau de part mon passif médical.
En effet, en début d'année 2012, suite a une perte de vision soudaine et une dégradation de mon état de santé, on m'a diagnostiqué in extremis une Thrombophlébite cérébrale. Pour vulgariser, c'est l'obstruction d'une veine dans le cerveau par un caillot. A l'annonce du diagnostique, la première question qui m'est venu en tête était de savoir si j'allais pouvoir refaire un jour des montagnes russes. Pourtant à cette époque, je n'étais pas spécialement Coasterfan et le seul parc dans lequel je mettais les pieds c'était Port Aventura, mon "home" Park.
C'est donc une des premières questions que j'ai posé à ma neurologue qui était dans l'incapacité de m'apporter une réponse précise et de se positionner la dessus. En effet, à l'époque j'avais 26 ans, ce genre d'occlusion arrive en général à un âge avancé et bien évidemment aucune étude sur la question n'avait jamais été faite auparavant. Du coup, les premières réponses à cette interrogation m'incitaient à mettre de côté cette passion, à l'oublier. Pour ma neurologue, il fallait clairement faire le deuil de cette dernière.
Du coup les mois passant, mon état de santé se stabilise peu à peu mais le caillot peine à se résorber et je commence peu à peu à me faire à l'idée que je vais devoir vivre avec en faisant une croix définitive sur mon amour des montagnes russes.
Pourtant, nous sommes en 2012 et je m'inscris pour la première fois sur un forum de passionnés où je découvre par le biais des actualités qu'une belle nouveauté vient d'éclore en Espagne, Shambhala.
Et là, mon engouement pour ces monstres d'aciers et les sensations qu'ils procurent émerge à nouveau en moi et je me fixe pour objectif de rider la bête cette année, malgré la réticence du corps médical et de certains de mes proches.
Nous sommes le 8 décembre 2012 et je suis à Port Aventura. Le dernier examen révélait la persistance du caillot dans mon cerveau, du coup je m'apprête à rider pour la première fois avec ce diagnostique et un "contre avis médical".
Le premier ride de la journée sera Furius Baco car je me dis quitte à mettre mon cerveau à rude épreuve, autant y aller franchement
Beaucoup d'appréhension avant le Launch, suis je en train de me mettre en danger inutilement pour assouvir une passion.. Verdict : non !
C'est incroyable à dire, mais ce premier ride est trés bien passé. Du coup je ressors plutôt rassuré en me disant que cette petite chose dans mon cerveau ne va peut être pas finalement m'empêcher de vivre pleinement ma passion.
Dans un élan d'euphorie, je me dirige alors vers Shambhala, en me disant que ça ne peut que bien se passer. Et pourtant, c'est lui qui va me procurer (sans savoir ce que c'était à l'époque) mon premier voile gris..
Du coup c'est l'ascenseur émotionnel. Je suis inquiet de ce qui vient de m'arriver et je me dis que finalement au vue de mon état de santé il fallait mieux que je m'arrête là, que je dise définitivement adieu à ma passion. Pourtant, pendant que nous nous posons pour manger, mes amis me demandent si au vue de ce qui m'était arrivé, je voulais qu'on rentre pour me reposer, question à laquelle j'ai répondu par la négative.
Je voulais retenter l'expérience, prouver au corps médical que mon état de santé n'était pas incompatible avec cette passion qui coule dans mes veines.
Je retente alors un tour de Shambi avec l'appréhension d'y perdre à nouveau la vue et peut être de m'endommager le cerveau.
Et là, je vis peut être un des meilleurs rides de toute ma vie. Tout se passe à merveille, je suis en extase totale. Finalement, je vais peut être pas devoir tirer ma révérence à ma passion ?
Dans la journée, nous riderons à nouveau 2 ou 3 fois Shambi et finiront même par le casse cervicale de chez Intamin. Je rentre rassuré, avec une seule envie, raconter cette journée à ma neurologue, qui risque de tomber de sa chaise lorsque je lui raconterai toutes mes aventures
Deux semaine après cette escapade, je passe un examen qui révèle que mon caillot a diminué alors que ça faisait des mois qu'il ne se résorbait plus !
Alors à l'heure où j'écris ce récit, il m'est impossible d'affirmer la corrélation entre cette évolution soudaine et les effets physiologiques des montagnes russes, mais même ma neurologue n'arrivait pas à l'expliquer. Pour moi c'est indéniable, il s'est passé quelque chose..
Et l'histoire ne s'arrête pas là. Suite à ce souci de santé, j'ai été pendant des années migraineux et eu des épisodes de céphalées chroniques dont aucun traitement n'arrivait à bout. Et pourtant, de la même manière, je suis parti dans cet état faire une journée parc pour rentrer.. sans migraine !
L'euphorie, un effet physiologique, psychologique ?
Là non plus je n'aurai jamais de réponse concrète et les spécialistes non plus.
Pourtant aujourd'hui, ma santé s'est stabilisé depuis des années et je n'ai plus de suivi neurologique. Et c'est une certitude, ma passion a été indéniablement salvatrice dans mon processus de guérison, de résilience. Encore aujourd'hui, elle m'apporte beaucoup
Et pour finir ce témoignage, je reprendrai les derniers mots de ma neurologue à ma dernière consultation : "Faite autant de montagnes russes que vous voulez Christophe"