La propriété intellectuelle et les parcs d'attractions

MiKL

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9 Avril 2005
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Belleville
fetesforainesfr.tk
Voici un article super intéressent concernant "La propriété intellectuelle et les parcs d'attractions" que j'ai trouvé cette après-midi et que je tenais à partager avec CW. J'ai jugé bon de copier-coller l'article (provenant de TEJIX) tel quel ici (ça m'aurait fait peine d'ouvrir un beau topic juste avec un lien, mais je l'ai naturellement mentionné à la suite de l'article)





La propriété intellectuelle, un vrai casse-tête chinois ?

Depuis son enfance, Céline démontre une affection particulière pour le monde amusant, créatif et féérique des parcs d'attractions. Au cours de ses études supérieures, elle a eu l'occasion de pouvoir s'envoler en Californie pour aller travailler chez Universal Studios Hollywood, et ainsi découvrir l'envers du décor. Aujourd'hui, elle réside en Chine, où la croissance économique rapide permet à la population de consacrer une part grandissante de son budget aux loisirs, ouvrant ainsi un immense marché aux acteurs des parcs d'attractions. Malheureusement, la propriété intellectuelle est une problématique qui touche souvent les pays en voie de développement, obligeant les détenteurs de licences à se battre quotidiennement pour éviter les abus.

Depuis la révolution industrielle, notre société évolue, remplissant notre quotidien de nouveaux produits et services. Les familles ont l'embarras du choix en termes de loisirs, obligeant les parcs d'attractions à rechercher en permanence les nouveaux concepts qui vont attirer les foules. Il est normal que le fruit de ce travail -le concept de l'attraction- soit légalement protégé. La Propriété intellectuelle existe pour cela. Elle protège les créatifs en leur permettant de tirer profit de leurs innovations. Comme toute forme de propriété, elle peut être vendue, louée, ou encore léguée. De ce fait, l'ayant droit de la propriété est complètement libre quant à son usage.

Comment un parc d'attractions gère la Propriété intellectuelle

Lorsque l'on parle d'attraction, la propriété intellectuelle couvre propriété industrielle ainsi que la propriété littéraire et artistique (droits d'auteur). En effet, on retrouve dans une attraction non seulement des composants technologiques souvent brevetés et dont la marque est déposée, mais également des éléments artistiques comme le scénario, la musique, les décors, les personnages... Ainsi le véritable enjeu des exploitants et créatifs va être de trouver de nouvelles idées, ou de négocier les droits s'ils souhaitent exploiter des concepts existants. Dans le doute, il est préférable de s'adjoindre les services d'un consultant ou d'un avocat spécialisé.

J'aimerais vous poser une question : Avez-vous déjà mis les pieds dans un parc d'attractions dont l'ambiance et les personnages vous sont inconnus ? Pas vraiment n'est-ce pas ? C'est tout simplement parce que le parc en lui-même a été créé pour vous immerger dans un univers familier et allégorique. Ceci ne peut exister sans la permission des dépositaires des droits, seuls capables d'autoriser l'utilisation des éléments immatériels dont ils ont la gestion. Ainsi, la Walt Disney Company peut concéder à ses parcs des licences qui leur permettent d'exploiter les personnages de son catalogue, pour le plus grand bonheur des visiteurs des parcs Disney. Les autres parcs peuvent se rabattre sur d'autres personnages. Par exemple Universal à Orlando a construit un univers entièrement consacré au monde magique d'Harry Potter (Warner Bros et J.K.Rowling). Outre les personnages, les décors et les attractions, les produits dérivés vendus dans les magasins de souvenirs sont développés suivant des caractéristiques précises. Le respect du cahier des charges imposé par le contrat de licence peut devenir une contrainte très lourde pour le contractant. Un parc qui aurait dévié des termes de son accord, par exemple en utilisant des produits dérivés non prévus par le contrat ou non conformes, risque de voir sa licence annulée, en plus d'être poursuivi pour contrefaçon.

Domaine public

L'accès à certaines marques, œuvres ou personnages peut être très couteux pour un parc. Une alternative peut-être de se tourner vers les propriétés tombées dans le domaine public.

Que signifie le domaine public en terme de propriété intellectuelle ? Lorsqu'un auteur crée une œuvre il est normal qu'il en tire profit. Un certain délai après la disparition de son créateur (soixante-dix ans en France), une oeuvre n'est plus protégée par les lois concernant la propriété intellectuelle, et tombe dans le domaine public, où chacun a le droit de l'utiliser. Ce statut est particulièrement intéressant pour les parcs d'attractions qui sont libres d'intégrer des classiques dans leurs univers. Laissez-moi vous donner quelques exemples de personnages pouvant être utilisés dans votre prochain projet. Commençons par… Popeye ! Eh oui, ce vieux loup de mer aux forces surhumaines grâce aux épinards est tombé dans le domaine public le 1er janvier 2009 un peu partout dans le monde, sauf aux États unis, car l'œuvre est syndiquée. Qu'est-ce qu'une œuvre syndiquée ? C'est une œuvre dont les droits ont été vendus à plusieurs diffuseurs, qui bénéficient de droits d'exploitation sur une période définie. Un autre personnage du domaine public qui mérite notre attention est l'éléphant au costume vert dont la sagesse et la moralité irréprochables font le bonheur des enfants : Babar. Si vous aussi, vous faites partie de la génération X ou de la 1re vague de la génération Y, Babar a dû bercer votre enfance avec ses innombrables histoires imaginaires. Il est aujourd'hui facile de recréer ce monde fantastique de Babar dans un parc d'attractions sans se soucier de royalties, et ce, depuis le 1er janvier 2008. Finalement, le dernier personnage dont j'aimerais partager avec vous n'est pas Français, mais un Belge bien chéri dans l'hexagone ! Tintin, ce reporter aventurier qui a parcouru les quatre coins du monde, n'est pour l'instant pas encore tombé dans le domaine public. Pourquoi aborder son sujet? Tout simplement pour que vous puissiez vous préparer à son utilisation au moment où il le sera ! L'année où les ayants droit d'Hergé ne pourront plus rien réclamer financièrement, en ...2053. Oui, je vous assure que pas mal d'auteurs et d'entreprises sont déjà en train de préparer des projets concernant le reporter Belge. Il ne reste plus que 43 ans à attendre !

La propriété intellectuelle, un concept négligé par les pays en voie de développement, et notamment la Chine

Il est rare de trouver des produits contrefaits dans les pays développés. Nous sommes suffisamment protégés contre les copies illégales pour ne pas avoir à penser à ce problème lors d'un achat. Lorsque l'on aborde le sujet de la contrefaçon, la Chine est le premier pays pointé du doigt. En réalité, c'est une problématique qui affecte de nombreux pays en voie de développement, incluant l'Inde, les pays asiatiques du Sud-Est (Philippines, Thaïlande, Vietnam, etc.), les pays d'Amérique latine, et les pays africains. L'explication à ce fléau est d'une simplicité désolante : l'arsenal juridique est insuffisant. Par ailleurs, la propriété intellectuelle est un concept encore très jeune pour les pays en voie de développement (PVD). Même si un semblant de cadre juridique existe, le concept de droit de propriété intellectuelle ne semble pas encore ancré dans leur culture et leur pensée commerciale. Ainsi, ce qui apparaît comme non éthique pour nous ne l'est pas forcément pour eux. Les hommes d'affaires des PVD vont souvent se concentrer sur la façon de maximiser leurs profits, plutôt que de se soumettre aux règlements qui régissent la propriété industrielle.

Concentrons-nous sur un exemple concret : la Chine. Je sais, il semble trop simple de remuer le couteau dans la plaie, mais n'est-il pas vrai que les exemples les plus démonstratifs se trouvent dans l'Empire du Milieu ? Peut-être que vous avez eu l'occasion de voir une vidéo sur YouTube à propos d'un parc d'attractions, appelé Beijing Shijingshan Amusement Park, situé près de la capitale chinoise. Ce parc, construit en 1987, offre un florilège des infractions aux droits de la propriété intellectuelle. L'art de copier et contrefaire dans toute sa splendeur. Et pourtant, c'est un parc géré par le gouvernement chinois ! Ses visiteurs peuvent s'attendre à retrouver les fameux personnages de Disney, dont Mickey Mouse, que le directeur général du parc décrit comme un « chat à grandes oreilles. » Outre les personnages de Disney, d'autres mascottes célèbres, comme Hello Kitty (Sanrio) ou Bugs Bunny (Warner Bros) et bien d'autres, sont aussi dupliqués maladroitement. Les copieurs n'en restent pas là. Les attractions ainsi que certains spectacles sont également contrefaits ou ressemblent étrangement à ceux déposés officiellement par les grands noms de l'amusement. Malheureusement, le gouvernement chinois nie toute contrefaçon et rejette toute accusation de violation des droits d'auteur. Plus récemment, un autre parc d'attractions situé dans la province du Hunan, a créé une attraction basée sur Angry Birds, ce petit jeu vidéo d'origine finlandaise qui a créé le buzz avec ses téléchargements en masse depuis sa sortie en décembre 2009. Le parc d'attractions en question ne possède bien évidemment pas les droits, mais a vu en cette œuvre un moyen certain de faire des profits et d'attirer plus de visiteurs.

Pourtant, il semblerait que la contrefaçon présente au moins un avantage : celui de faire de la publicité pour l'original. En effet, lorsqu'un parc à thème reprend un personnage ou une attraction, finalement, cela ne revient-il pas à promouvoir l'œuvre originale ? Cela devrait permettre à plus de visiteurs de connaître et de se familiariser avec la propriété, et notamment d'accroître leur attachement aux personnages. Malheureusement, la copie du personnage ou de l'attraction, échappant à tout contrôle, est probablement très approximative, rendant l'œuvre moins attractive et plaisante à voir et/ou rendant l'attraction plus dangereuse. Le résultat n'est pas plaisant et parfois risqué, faute de remplir les standards de sécurité. Dans cette situation, au lieu de promouvoir l'oeuvre d'origine, la contrefaçon tire la marque vers le bas en nuisant fortement à son image. Il est affligeant de constater que la vision à court-terme de quelques aigrefins sans vergogne dilapide le travail de créatifs talentueux.

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Gardaland (à droite) a visiblement inspiré nos amis Chinois (à gauche). Photo : Julien Simon

Lorsqu'il y a violation des droits de la propriété intellectuelle, l'attention se porte naturellement sur les criminels coupables de contrefaçon, ainsi que sur leurs victimes, les ayants droit. Cependant, qu'en est-il du public ? Des visiteurs/consommateurs de ces copies ? Quelle est leur perception de la situation ? Je pense qu'il peut être intéressant de catégoriser ces visiteurs en deux groupes : les visiteurs locaux et les visiteurs étrangers. Ce n'est pas de la discrimination, mais une logique démontrée par la différence de culture et de connaissances entre les différentes populations. Trois cas peuvent survenir concernant les visiteurs locaux d'un PVD : 1/ils ne voient pas le mal dans la contrefaçon, c'est un phénomène qui a été généralisé dans le pays et donc faisant partie de leur quotidien ; 2/ ils ne savent tout simplement pas que les personnages et attractions du parc sont de pales copies de personnages déposés légalement – cela s'explique d'autant plus par le fait que ces habitants de PVD n'ont pas forcément eu l'occasion de voyager à l'étranger et d'acquérir cette connaissance; enfin, 3/ ils savent que tels ou tels personnages sont contrefaits, n'approuvent pas cette utilisation illégale, mais ne s'en soucient guère puisqu'ils n'ont ni le pouvoir, ni la motivation de changer les choses. Quant aux visiteurs étrangers, je dirais que deux cas possibles peuvent survenir : 1/ ils sont très respectueux de la propriété intellectuelle, ce qui les amènent à être certainement outrés par les contrefaçons et s'y opposent fortement ; et 2/ ils connaissent les conséquences négatives de la copie et de la contrefaçon, mais acceptent que ce soit une réalité du pays non développé, et choisissent d'y contribuer ou non en tant que (non-)visiteurs de ces «fakelands»

Parfois, il arrive que la contrefaçon soit de trop grande ampleur pour que les médias et la communauté internationale restent de marbre, ils créent alors un tollé sur certaines situations trop flagrantes et extrêmes. Le buzz s'est abattu en 2007 sur le faux Disneyland de Chine un effort international s'est organisé afin de faire pression sur les dirigeants du parc. Malheureusement, les sanctions sont faibles, et ont peu de chance d'être appliquées, vu le laxisme des autorités. Néanmoins, un grand groupe tel que Disney possède les moyens légaux et financiers pour venir s'attaquer à ces parcs irrespectueux de leurs propriétés intellectuelles. Alors pourquoi rien ne se passe réellement ? Concernant la Chine, il est évident que leur croissance et puissance économique joue un énorme rôle. Qui oserait venir froisser le bailleur de fonds de la planète ? Mais peut être que plus que la politique en elle-même, la situation dans un pays différent à tous points de vue, et surtout au niveau légal, peut expliquer l'inefficacité des ayants-droit à poursuivre quiconque pour violation des droits d'auteur. Je reste pourtant convaincue que les puissants ayants droit ne resteront pas les bras croisés. Par exemple, les 22 faux Apple Stores ouverts à travers la Chine ont été fermés net par les autorités Chinoises, suite à, officiellement, une pression médiatique internationale, mais certainement officieusement à l'intervention musclée d'Apple. Notons que la marque fait assembler ses produits en Chine, contribuant à une économie très positive au pays et à son gouvernement… Quoi qu'il en soit, il semblerait que la répression par les personnes qui gèrent ce genre d'affaires ne semble pas si stricte que cela, peut-être est-ce un laxisme stratégiquement nécessaire aux futurs projets potentiels sur le territoire Chinois, ou autres PVD.

En résumé

La contrefaçon dans la propriété intellectuelle, marginale dans la plupart des pays riches, fait pourtant partie du quotidien dans les pays pauvres ou émergents. Il est vrai que les lois sur la propriété intellectuelle sont parfois quasi-inexistantes, parfois existantes mais ignorées, mais semble-t-il jamais appliquées à bon escient. La Chine semble démontrer le plus de copies des personnages et attractions, mais certainement parce que le plus flagrant. Néanmoins, les ayants droit semblent fermer un œil quant à l'utilisation illicite de leurs œuvres, afin peut-être de faciliter de future coopération avec un pays à fort potentiel. Malgré un laxisme évident, la propriété intellectuelle reste une sérieuse problématique dans les PVD, mais sera, avec persévérance et espoir, certainement régulée un jour pour s'ajuster au développement des pays.




>> http://www.tejix.fr/iparticle.htm :wink: