Bonjour à tous !
Je me suis permis d'ouvrir ce topic suite à une digression qui a été faite à partir d'un article de Mathis sur un autre sujet (pour éviter d'y prendre trop de place).
La grande question concerne les parcs d'attraction dans leur ensemble, mais on peut zoomer sur les attractions, voire les montagnes russes.
Je vous remet le contenu du débat tel qu'il a été commencé sur l'autre topic :
Je ne peux pas m'empêcher de vous faire part de mes interrogations (qui ne datent pas d'aujourd'hui), même si ça n'a pas trop sa place ici... Peut-on considérer comme un art le parc dans son ensemble, malgré une relative absence de vision artistique (et d'ailleurs : où est l'artiste ?) et son rapport étroit à la consommation la plus outrancière ? Et si la réponse est non, peut-on considérer l'attraction en elle-même- indépendamment de la boutique qui lui fait office de sortie - comme "art" ? Auquel cas : art ou artisanat ? Le créateur d'une attraction est-il l'artiste qui "brise la mer gelée qui est en nous" (je me permets d'élargir à tous les arts cette citation de Kafka sur les livres), ou l'artisan travaillant le plus consciencieusement (et admirablement) possible au divertissement de son public ? Sachant que - pour complexifier le tout - l'un n'empêche pas l'autre... mais l'un n'entraîne pas systématiquement l'autre ! (le divertissement n'est pas par essence un art, et l'art n'est pas par essence du divertissement). Pour finir, j'aime garder à l'esprit que si une création est une œuvre d'art, une autre du même média ne l'est pas nécessairement (on peut se poser la question pour Avengers et L'homme à la caméra, par exemple), et qu'on pourrait donc considérer qu'une attraction est d'ambition artistique quant une autre ne l'est pas (Taron et une pomme Pinfari, par exemple).
Bref, je trouve ce questionnement délicieusement complexe.
Pour ce qui est du design la Pomme, il s'agit d'une commande pour un objet qui - au final - n'a rien d'une oeuvre artistique à mon sens. Ce serait comme considérer le logo de Chupa Chups - aussi joli soit-il (tout comme le design de nos Pommes bien aimées) - comme artistique parce qu'il a été réalisé par Dali...
Pour ce qui est du "visuel", je te rejoins évidemment ! D'ailleurs quand je citais Taron ce n'était pas seulement pour sa théma, mais aussi et surtout pour la manière dont il transfigure cela avec les sensations proposées par son parcours...
Pour ce qui est du lien entre l'art et le "beau", tout dépend de la définition accordée à ce terme très vaste... Baudelaire a prouvé par exemple que le Beau pouvait exprimer la laideur !
Là ce n'est que mon humble avis, mais je ne pense pas qu'on puisse arrêter la définition de l'art aux émotions (c'est pour ça que je me suis permis de citer Kafka). Je considère qu'une oeuvre d'art doit témoigner d'une vision du monde, et bousculer celle du spectateur.
Cela étant, je te rejoins sur ton zoom sur les attractions à sensations, que je me permet de restreindre encore un peu : s'il y a bien un type d'attraction qui mériterait potentiellement d'être qualifié d'artistique, ce sont bien les montagnes russes... en plus des émotions auxquelles tu fais référence, celles-ci possèdent une réelle stylistique, un réel langage qui leurs sont propres. La question que je me pose encore, c'est si un grand-huit laisse bien cette marque qu'une oeuvre d'art doit laisser à son public ? (on exceptera ici les marques rouges laissées sur nos oreilles par un mauvais Vekoma)
Je me suis permis d'ouvrir ce topic suite à une digression qui a été faite à partir d'un article de Mathis sur un autre sujet (pour éviter d'y prendre trop de place).
La grande question concerne les parcs d'attraction dans leur ensemble, mais on peut zoomer sur les attractions, voire les montagnes russes.
Je vous remet le contenu du débat tel qu'il a été commencé sur l'autre topic :
Je ne peux pas m'empêcher de vous faire part de mes interrogations (qui ne datent pas d'aujourd'hui), même si ça n'a pas trop sa place ici... Peut-on considérer comme un art le parc dans son ensemble, malgré une relative absence de vision artistique (et d'ailleurs : où est l'artiste ?) et son rapport étroit à la consommation la plus outrancière ? Et si la réponse est non, peut-on considérer l'attraction en elle-même- indépendamment de la boutique qui lui fait office de sortie - comme "art" ? Auquel cas : art ou artisanat ? Le créateur d'une attraction est-il l'artiste qui "brise la mer gelée qui est en nous" (je me permets d'élargir à tous les arts cette citation de Kafka sur les livres), ou l'artisan travaillant le plus consciencieusement (et admirablement) possible au divertissement de son public ? Sachant que - pour complexifier le tout - l'un n'empêche pas l'autre... mais l'un n'entraîne pas systématiquement l'autre ! (le divertissement n'est pas par essence un art, et l'art n'est pas par essence du divertissement). Pour finir, j'aime garder à l'esprit que si une création est une œuvre d'art, une autre du même média ne l'est pas nécessairement (on peut se poser la question pour Avengers et L'homme à la caméra, par exemple), et qu'on pourrait donc considérer qu'une attraction est d'ambition artistique quant une autre ne l'est pas (Taron et une pomme Pinfari, par exemple).
Bref, je trouve ce questionnement délicieusement complexe.
KingRCT3 a dit:La question de l'art est une question très intéressante et qui mériterait un long débat, mais je rebondis juste sur ce point :
Sache donc que la pomme Pinfari a été créée par Armando Tamagnini, un illustrateur, directeur artistique et designer italien né en 1940.
(Plus d'infos sur l'origine de la Pomme)
Ce à quoi je réponds :
Donc ça part bien d'une "oeuvre" d'un artiste, au sens large. Après je pense que l'art se perd dès lors que l'attraction est manufacturée en série et donc que l'intention initiale se perd un peu...
Ensuite il ne faut pas oublier que l'art n'est pas forcément visuel ou "beau". Même une attraction moche à la Foire du Trône pourrait être considérée comme telle. Je m'explique : Selon l'une de ses innombrables définitions, "l'art regroupe les œuvres humaines destinées à toucher les sens et les émotions du public". Et très franchement, il est rare d'avoir un panel d'émotion aussi vaste que face à une attraction à sensation ! La peur, la préhension, la panique, la pression de groupe, le regret, l’excitation, l’exhalation, la libération, la fierté, l'euphorie collective... La notion même de vivre, d'avoir survécu à quelque chose. C'est très viscéral.
Pour ce qui est du design la Pomme, il s'agit d'une commande pour un objet qui - au final - n'a rien d'une oeuvre artistique à mon sens. Ce serait comme considérer le logo de Chupa Chups - aussi joli soit-il (tout comme le design de nos Pommes bien aimées) - comme artistique parce qu'il a été réalisé par Dali...
Pour ce qui est du "visuel", je te rejoins évidemment ! D'ailleurs quand je citais Taron ce n'était pas seulement pour sa théma, mais aussi et surtout pour la manière dont il transfigure cela avec les sensations proposées par son parcours...
Pour ce qui est du lien entre l'art et le "beau", tout dépend de la définition accordée à ce terme très vaste... Baudelaire a prouvé par exemple que le Beau pouvait exprimer la laideur !
Là ce n'est que mon humble avis, mais je ne pense pas qu'on puisse arrêter la définition de l'art aux émotions (c'est pour ça que je me suis permis de citer Kafka). Je considère qu'une oeuvre d'art doit témoigner d'une vision du monde, et bousculer celle du spectateur.
Cela étant, je te rejoins sur ton zoom sur les attractions à sensations, que je me permet de restreindre encore un peu : s'il y a bien un type d'attraction qui mériterait potentiellement d'être qualifié d'artistique, ce sont bien les montagnes russes... en plus des émotions auxquelles tu fais référence, celles-ci possèdent une réelle stylistique, un réel langage qui leurs sont propres. La question que je me pose encore, c'est si un grand-huit laisse bien cette marque qu'une oeuvre d'art doit laisser à son public ? (on exceptera ici les marques rouges laissées sur nos oreilles par un mauvais Vekoma)