Je prends enfin le temps de répondre à ton message ! Déjà, merci pour toute cette réflexion pertinente et détaillée, ça apporte pas mal d’eau au moulin.
Après avoir lu tes remarques, et avoir pas mal réfléchi pendant mon escapade en Angleterre, je crois bien que tu as raison : c’était une erreur de séparer catégoriquement un passage à l’envers en apesanteur de la notion d’hangtime. Après tout, tu le précises bien (ou du moins ton raisonnement, si je te suis, s’appuie sur ce constat), dans un ZGS ou un ZGR ou dans un loop, on se sent décoller de notre siège parce que la gravité se fait ressentir un peu. On a donc quelque chose de l’ordre de l’hangtime, si on s’appuie sur la définition que j’avais proposée (hangtime = percevoir la gravité, à l’envers. Cette définition me satisfait toujours, pour le coup).
Je suis d’accord aussi avec toi : il nous faut des limites claires pour s’exprimer clairement, et il y avait un double standard dans les délimitations que j’avais proposées.
-> Tête en bas à -1G = hangtime, tête en bas à 0G = airtime SAUF si l’airtime précède l’inversion. Présenté comme ça, ça ne fait pas sens.
Enfin, tu évoques le consensus (qui semble parler d’hangtime dès lors qu’on a la tête en bas), et tu as raison. Pour se mettre d’accord, il faut le prendre en compte.
MAIS.
Il me semble qu’il reste quelques problèmes.
Le premier et le plus évident, c’est que si un moment en apesanteur à 0G est causé par la gravité se faisant un peu ressentir à l’envers (et à la manière d’un floater, pourquoi pas), il faut aussi garder à l’esprit que ce moment est AUSSI causé par une force allant à l’encontre de la gravité… Autrement dit, si on s’appuie sur la définition que j’avais proposé pour l’airtime, un moment en apesanteur à 0G coche toutes les cases.
Pour rappel, j’avais proposé qu’un airtime était une rupture avec la gravité et avec la perception de notre propre poids – ou plus simplement : décoller de son siège ET échapper à la gravité. Une inversion en apesanteur coche ces deux cases.
Une solution simple, logique et respectant un certain consensus serait simplement d’ajouter une nouvelle borne à cette définition de l’airtime, celle de l’inversion. Dès lors qu’on est inversé, l’airtime cesse pour laisser place à l’hangtime.
Pour le reste de la définition : tu proposes de parler de floater hangtime, d’ejector hangtime, et si on suit cette piste ça me semble pertinent.
Il reste cependant un petit détail qui me chiffonne un peu : j’ai peur que cette proposition soit un peu réductrice. Et là j’en reviens au début de ta réponse, autour de cette « affaire de perspective ». Tu affirmes :
je suis contre une définition où une même portion de parcours prise à la même vitesse et provoquant les mêmes accélérations sur notre corps provoquerait des sensations différentes en fonction de la portion de parcours qui précède.
Moi, pas tant que ça. Enfin si, un peu quand même : je suis tout à fait d’accord avec toi, on ne peut pas poser de bornes claires sur la définition d’une sensation si on change radicalement ce qu’elle est en fonction de ce qui l’entoure.
Mais je suis persuadé que la place d’une sensation dans une séquence influe sur la manière dont on la perçoit. Et c’est là que mon avis diffère du tien : je crois aussi qu’il est important de prendre en compte cette manière dont on la perçoit.
Là ça paraît anodin, mais ça ne l’est pas du tout, puisque ça concerne l’objectif même de cette entreprise, qui veut clarifier les choses pour nous permettre d’exprimer nos expériences grand-huistique avec plus de justesse, de précision et d’entendement. Autrement dit, il faut un langage rigoureux, mais celui-ci est AU SERVICE de nos perceptions à chacun. Donc ces choix de langage doivent être au service de celle-ci, doivent lui permettre d’exprimer toutes les nuances possibles
sans la restreindre.
Or, j’ai un peu le sentiment que de parler d’hangtime pour toutes les inversions à 0G est restrictif (exactement de la même manière que de parler d’airtime pour toutes les inversions à 0G l’était). Je pars d’exemples n’engageant que moi pour illustrer :
- je perçois un ZGR comme un airtime du début à la fin, car si on considère que l’hangtime commence et se termine à l’inversion, le retournement brouille les limites, et vu que ça commence et que ça finit indiscutablement en airtime ben ce dernier prend le dessus. Parler d’hangtime dans le cas d’un ZGR me semblerait inapproprié (mais peut-être que ça n’engage que moi).
- je perçois le sommet du loop de BF comme un hangtime, car je commence à sentir la gravité exercer une force sur moi. Ici, le terme de floater hangtime me semble très juste.
- après avoir refait Hyperia 6 fois, j’ai vraiment du mal à « classer », voire nommer le Stall dive loop (autrement qu'en parlant d'apesanteur).
Au final, ces nuances m’amènent à considérer l’apesanteur comme une sensation vraiment à part (ce que déjà j’avais supposé dans ma définition de l’airtime, puisque je la séparais du floater), qui tient concrètement à la fois de l’hangtime et de l’airtime et qui selon les circonstances donne l’impression d’un hangtime, d’un airtime ou parfois ni vraiment de l’un ou l’autre.
DU COUP, je vois deux possibilités qui me semblent pertinentes pour évoquer les inversions à 0G :
1. On prend ta proposition, et on ajoute à la définition de l’airtime la nécessité de ne pas être inversé (sinon, l’airtime étant dirigé vers le sol, on est renvoyés à la gravité terrestre). C’est peut-être un peu réducteur, mais en soi rien n’empêche de dire qu’un ZGR provoque un floater où « hangtime et airtime se confondent » (plus j’y réfléchit et plus je me dit que ça m’irait très bien). Le gros avantage, à mon sens, c’est qu’on a une limite très claire : l’inversion.
Le désavantage, c’est que ça contraint sur les nuances qu’un passage à 0G la tête en bas peut recouvrir (et notamment la spécificité de l’apesanteur).
2. On parle d’apesanteur. On POURRA parler de floater hangtime, de floater airtime si on veut exprimer les sensations/impressions analogues (pendouillage, rupture avec la gravité), mais le terme EXACT, JUSTE dans toute circonstance c’est « apesanteur ». C'est le seul qui ne cause aucune ambiguïté.
Le désavantage, c’est que la limite est un peu moins claire : où s’arrête-t-on autour de 0G ? Faut-il mettre une limite exacte ou accepter de 0,2 à -0,2 ? C’est un peu arbitraire. Dans ce cas de figure, il faudrait accepter que l’humain n’est pas un accéléromètre et qu’il mesure l’apesanteur qu’en fonction de sa perception subjective.
(ah, et il reste évidemment la possibilité de considérer l’hangtime comme un airtime… c’est tentant, mais trop réducteur à mon sens, voire amalgamant. Comme toi, ça ne me convient pas !)
En fait, ce n’est même pas incompatible : on peut tout à fait statuer que l’airtime ne peut pas être inversé, accepter donc la notion de floater hangtime et la manière dont ce dernier peut (dans certains cas) se confondre avec un floater airtime, tout en s’autorisant à parler d’apesanteur plutôt que d’hangtime (voire pourquoi pas d'un hangtime s'amalgamant avec un airtime, si on a envie) si on veut parler des spécificités bien particulières de cette sensation.
Bref, tout ça pour dire que ta proposition me convient bien
(pour ma défense, lorsque j’ai commencé à rédiger ce message, elle ne me convenait pas tant que ça. C’est en mettant de l’ordre dans mes idées que j’ai constaté qu’elle n’était finalement pas si incompatible que cela avec mes réserves )