Une phobie de 28 ans qui s'efface - Sirocco, Taron, Kondaa

  • Initiateur de la discussion Initiateur de la discussion Hukka
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Hukka

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14 Septembre 2025
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Bien le bonjour braves gens,

Depuis mes 5 ans, j'ai une peur phobique/panique extrême de toutes attractions qui montent à plus de 5 mètres du sol, et tout particulièrement pour les rollercoasters. J'ai récemment pu combattre cette peur, grâce à des amis en or, de la thérapie (pour autre chose), des blagues de merde, de l'information, des vidéos et du courage. Cette vidéo de Tom Scott (en anglais) a planté la graine, et le fait d'avoir été motivé à monter dans une grand roue de foire par mon ex l'a un peu arrosée il y a quelques années. Puis, il y a un mois, un passage à Phantasialand m'a fait prendre conscience de ma capacité à vaincre cette peur, et hier, j'ai enfin pris goût aux sensations fortes lors de ma première visite à Walibi depuis mes 18 ans, où tout a commencé quand j'en avais 5.

En 1997, à Walibi en Belgique, comme vous le savez tous, le Sirocco (aka Psyké underground aka Turbine) est resté coincé 1h20, ses passagers les têtes à l'envers et comme des pastèques gonflées de sang. Alors déjà très effrayé par les coasters grâce aux peurs paniques de ma mère, nous nous sommes rendus à Walibi avec la famille quelques semaines après, où mon père a trouvé amusant de se moquer de moi alors que je refusais de rentrer dans l'attraction. Chouette famille, on passe les détails, mais c'est comme ça qu'est née ma peur et mon désamour pour les RC et autres attractions à sensations.

Depuis lors, chaque visite dans un parc d'attraction (Astérix, Bellawaerde, Bobbejaanland) se passait de la même manière: je faisais les bouées, les tasses, et une fois dans ma vie le train de la mine de Walibi. Puis au moment de se mettre dans une file d'attente pour un "gros" truc, je me mettais à pleurer, à avoir envie de vomir, puis à me sentir nul de ressentir tout ça. J'ai eu d'autres évènements assez traumatisants, dont un à mes 9 ans au parc Astérix, où j'ai été écarté du groupe avec lequel j'étais. Ma dernière expérience, avant le mois dernier, était Halloween à Walibi il y a 15 ans, où je me suis défilé devant toutes les attractions. "Je garde les sacs" starterpack. Je n'ai donc plus mis les pieds dans un parc de mes 18 à mes 33 ans.

Entre temps, j'ai appris beaucoup sur moi-même, fait de la thérapie pour les autres anxiétés que mes joyeux darons m'ont inculquées, trouvé des techniques de gestion de la peur, pris des champis, découvert la méditation, suis devenu vachement ouvert au monde, en soi je me suis fait ami avec la neuroplasticité. Et avec de vrais putains d'amis aussi.

Au mois d'août de cette année, ces amis en question m'invitent pour aller à Phantasialand, leur "dream park". Okay, chouette, je vais garder les sacs... Mais j'y vais quand même. On se lève tôt, on voyage vite, et on arrive, fiers mais fatigués, à 5 dans le parc, pile à l'heure d'ouverture. C'est bondé, il fait 35C°, et mes potes courent vers le black mamba. Je les vois disparaître dans la file d'attente et je reste figé. Gorge nouée, larmes aux yeux, bouche sèche, pensées intrusives, merde, je reconnais de l'anxiété et ça me cloue au sol. Ils en sortent après 20 minutes et me voient tout pataut, en PLS, limite rendu agressif et défensif par mon anxiété. Me disent que c'est okay. Ils vont faire le train de la mine avec moi, et puis la prochaine attraction, que je les rejoigne dans la file d'attente quand même, histoire de pas rester tout seul et d'au moins passer du temps ensemble, que je suis pas obligé de la faire.

Bref on va dans le train de la mine (colorado?), longue file, mais je crois que je peux tenir, donc même si j'ai peur, je m'assieds, et le lift hill commence. Le pire pour moi (toujours d'actualité), mais ça passe parce que mon pote à côté arrête pas de gueuler "HEYYYY LES BUCHES" aux gens dans, well, les bûches en dessous de nous. Ca me fait marrer, j'oublie que je suis en train de monter, puis ça descend et je prends peur mais, je respire, je focus sur les sensations pour essayer de les reconnaître, et après 15 secondes je commence à m'amuser un peu. Super !


Puis on file tous vers le Taron. Le bruit du launch me fout les boules, la thématisation me fascine et me fait peur - moins que la file d'attente chiffrée à 50 minutes - la hauteur des rails, bien qu'enterrés donc paraissant moins hauts, me donne déjà le vertige, et puis le fait de voir les gens voler tout au dessus de nous pendant l'heure et demie de file d'attente réelle (ouch) ne m'inspire pas confiance. Mais on chante dans la file. Je me chauffe à l'idée de juste m'asseoir et me laisser partir. On fait des blagues pourries, on catastrophise le pire qui pourrait arriver, "ce serait con que l'attraction tombe en panne quand on arrive". Et donc on se pointe dans la gare après une heure vingt sous 35C° à marcher lentement et là... Panne. No fucking way. Mes potes pestent, tout le monde part petit à petit, mais nous on reste assis, et étant dans la gare pendant ce temps là, je ne le vois plus et j'oublie que je suis sensé monter sur ce truc qui me fout vachement les boules.

Et là après 10 minutes, l'attraction redémarre et on est les premiers. Je déglutine, ma peur n'a pas le temps de prendre l'emprise, et j'enjambe le train, tape mon sac à terre (pour une fois, je ne le garde pas), puis je me pose, je mets le lap bar au max, j'appuie dessus jusqu'à ne plus en avoir d'enfants. Et je recommence à stresser, limite à pleurer, puis à hyperventiler un peu... jusqu'à ce que mon pote barbu me tape sur l'épaule, me regarde, tout bêtement, et me dise avec une voix de gosse : "Hey, hey, est-ce que tu pourrais me dire... c'est qui qu'a chié dans mon slip?"

La blague de CON. Je pouffe de rire, puis on est lancé dans Taron avec l'accélération du feu de dieu. Je hurle de peur, puis de rire, puis de peur, puis d'euphorie quand je ressens les airtimes, les virages, les forces qui m'écrasent et me relachent, ma voix qui part toujours en couille. Je gueule "HEY LES BUUUUUUCHES", même si elles sont à 1km de là. Je crie dans toutes les langues que je connais, j'insulte ma propre mère dans ma confusion du haut de mes poumons, et ma phobie se dissout dans l'air à chaque bouffée cacophonique qui sort de ma gorge. Je prends mon putain de pied. Et je comprends enfin pourquoi les gens se soumettent à tout ça, la peur du lift, la sensation mortifère de la hauteur, la vitesse à couper le souffle, la tête à l'envers, la terreur, les cris. En un instant je comprends et j'adore. Je sors de l'attraction et je tremble et je pleure (mais je fais pas chier les gens sur le quai et je bouge vite quand même) de joie, mes potes me félicitent, sont émus, me font un câlin, et je me rappelle de la vidéo de Tom Scott où il combat sa peur des RC à Alton Towers.

Malheureusement ce jour là, les files d'attente sont trop longues pour faire grand chose d'autres, alors on fait les bouées, les Winja's, un groupe reste dans le parc et manque de rater le flixbus du retour de 20 minutes (mais ils ont fait d'autres rides donc bon pour eux), et moi et mon pote scatophile on repart après que je l'ai regardé faire le Talocan (je ne suis pas encore au stade de ces attractions là). Ils sont un peu blasés mais moi je suis tellement aux anges d'avoir enfin pu découvrir les RC. Libéré. Aphobe.

Fast forward à hier, 1 mois de battement, je passe de Phantasialand à Walibi, où mon objectif est "d'au moins" faire la Turbine, là où tout s'est déclenché pour moi. On y va à deux avec ma meilleure amie, on commence par le fun pilot, tout gentil, dont j'ai vu le concepteur dans une vidéo et il avait l'air trop chou; puis on marche tout doucement vers la turbine, et alors que je n'avais pas envisagé de le faire si vite, elle me crie, "allez viens on y va!!!".

Fallait que j'y aille tôt ou tard et 28 ans c'est déjà assez tard, donc je ne me défile pas, et on y va.

5 minutes de file d'attente, rien du tout. Pas le temps de dire ouf qu'on est dans la gare. Je profite de l'instant d'attente avant de me poser le cul dedans, je me remémore la sagesse de mon pote barbu et je répète sa phrase maintenant mythique à mon amie, puis on est projeté dans ce tunnel tout noir qui ne sent pas très bon. Et là je sens la force de l'accélération, je perds mes azimuts dans le looping, je stress ma vie mais je m'amuse tellement, je sers tellement fort les poignées de la lap bar que mes vieilles fractures aux doigts se réveillent, on passe le loop et on est suspendus, légers, et mon coeur saute quelques pas, avant de repartir en arrière dans le loop où les forces m'envoient dans un fou rire de malade, on traverse la gare à reculons à toute vitesse et puis c'est fini. Juste comme ça.. Moins ému mais d'autant plus fier d'avoir fait ce putain de Sirocco, je me lève, triomphant et en rigolant, et puis on le refait 2 fois. Je lève les bras tout le long, je suis aux anges et j'en redemande. En tout, hier, on l'a fait 5 fois.


Plus tard, on a fait le mécalodon 2x (MAGNIFIQUE, tellement fun, les virages à ras du lac donnent un tel sentiment de liberté), le tikiwaka, et puis le Kondaa... 2 fois. Je croyais ne pas survivre à la montée mais j'ai gueulé pour savoir qui avait chié dans mon slip et j'ai entendu les gens du train se marrer et ça m'a mis à l'aise pour la suite. Tellement fabuleux, les sensations de décollage, la vitesse, les tours, les non inversions, bref je ne connais pas les termes mais c'était tellement grisant, et on l'a directement refait en single rider après. Toujours ahurissant, décoiffant, mais j'ai fait l'expérience du fameux "voile gris", et ça m'a laissé un peu fade donc on a fait une pause. Puis, on s'est dirigé vers les fameuses bûches (où j'étais resté en échec la dernière fois que j'y étais allé à cause de la taille du lift), trop fun, et puis le Pulsar. Celle-là m'a vraiment foutu les jetons, avec la sensation de suspension à 90° avant de plonger dans le bassin, mais une fois faite, qu'est-ce que j'étais content. Elle est tellement imposante au milieu du parc. J'ai hâte d'en faire l'expérience en été.

Finalement, on s'est posé pour manger, on a fait quelques plus petites attractions sympas pour se calmer, avant d'aller faire le Vampire, un des préférés d'enfance de mon amie. Et cette expérience était tellement mauvaise en comparaison aux autres, que ça m'a fait avoir moins peur des autres rétroactivement. Je me suis fait balancer la tronche dans le siège à un tel point où je croyais avoir l'oreille en sang, et j'ai pas tant profité que ça des sensations du layout, qui est pourtant lui avait l'air très très fun. Mais au moins, c'est fait! Je n'ai pas essayé le Loup Garou parce qu'on était tellement claqués à la fin de cette journée. A en lire tous les avis, il est à éviter au possible, mais j'aimerais quand même le tenter, un de ces quatre.

28 ans sans faire d'attractions, c'est long, et bien que je pense que le goût que je prends pour les sensations fortes maintenant soit tout particulier grâce à cet élément de dépassement de soi, j'aurais tellement aimé avoir la chance de faire ça plus jeune. Mais c'est ainsi, pas de regrets, et je me retrouve à nouveau avec une liste interminable de "premières fois" à envisager, ce passé la trentaine, et avec des amis pour partager le tout. Quelle chance que j'ai.

Merci de m'avoir lu !

Est-ce que vous auriez, donc, des petits tips pour survivre un peu mieux les lift hills et les hauteurs? En ce moment, je dirais que c'est le seul facteur qui freine un peu mon plaisir. Sur Kondaa, imaginer que j'étais en train de méditer couché dans mon lit et me focaliser sur le siège en face de moi a aidé un peu à faire abstraction des 50m de hauteur, et gueuler la blague dégueulasse de mon pote a aussi aidé; mais je me demande s'il n'y a pas plus efficace et plus family friendly quand même parce que je ne voudrais pas ruiner l'expérience pour autrui non plus s'ils n'aiment pas ce genre d'humour débile 😅