C'est un débat qui fait déjà rage dans la communauté depuis... Oh, bien longtemps déjà

tout dépend évidemment de la manière dont on définit ce qu'est un coaster, fondamentalement. Du coup, si on considère...
les powered comme des coaster car ils ressemblent vraiment à des coasters (même s'ils bafouent le principe même d'utilisation de la gravité)
... peut-être que ce qui fonde un grand-huit, ce n'est justement pas l'utilisation stricte de la force d'inertie, mais autre chose qui fait que les e-powered "ressemblent" à des coasters. A mon humble avis, c'est la présence d'un parcours sensationnel qui nous fait dire qu'un truc comme Alpenexpress ou Desmo Race est un coaster sans hésitation.
Sartre disait des poètes qu'ils étaient des "hommes qui refusent d'
utiliser le langage", c'est à dire qu'ils considèrent les mots comme des choses à part entière et non des outils : ils n'utilisent donc pas à proprement parler le langage, puisque celui-ci est une fin et non un moyen.
Peut-être qu'il y a quelque chose de similaire à trouver dans un grand-huit :
sitôt qu'un parcours devient une fin et non un moyen de parcourir un lieu, d'aller un point A à un point B, peut-être qu'on peut parler de grand-huit. C'est peut-être là la principale différence entre un parcours de tacots (qui se déplace d'un décor à l'autre = moyen de transport utilisé pour cela) et celui d'un Alpenexpress (qui tente de provoquer avant tout des sensations : quelques G's discrets, une sensation de vitesse, etc... Ici, c'est d'ailleurs le décor qui est un outil au service du parcours (puisqu'il contribue à la sensation de vitesse), pas l'inverse).
Il faudrait donc deux éléments de base pour considérer un grand-huit comme tel :
- un parcours (évidemment)
- que ce parcours ne soit pas un prétexte, un moyen, un outil pour autre chose, mais qu'il apparaisse bien comme une fin en soi.
Evidemment, ça ne facilite pas tous les cas de figure... Il reste des questions assez importantes :
- à partir de quand parle-t-on d'un parcours ? (une bosse, une drop suffisent-elles ? Si on considère Banzaï comme un coaster, pourquoi pas les butterfly et, comble de l'outrage, les Disk'o sans bosses ?)
- certains éléments extérieurs au parcours en lui-même mais pouvant entraver la perception de celui-ci (la taille d'une nacelle, par exemple) doivent-ils être pris en compte ? Là je vise encore les Disk'o : sur un simple U, la taille de la nacelle peut altérer notre perception du parcours. Peut-on encore le considérer comme tel ? Le parcours suivi par le centre de la nacelle et par le passager est en tout cas absolument différent (bien plus que sur un Disk'o avec bosse, à mon sens).
- à partir de quand (lors de parcours familiaux très avares en sensations par exemple) parle-t-on d'un parcours qui devient une fin en soi ? Le dark ride Droomvlutch et sa descente en spirale de 17m de haut posent souci : est-elle encore là seulement pour nous laisser observer sous tous ses aspects la scène bucolique qui se déroule sous nos yeux, ou peut-on dire que cette spirale devient
autre chose qu'un simple déplacement ? La prise de vitesse créé en tout cas un effet stylistique clair (un dynamisme, une exaltation proches du lyrisme).
En se basant sur cette définition, on pourrait ouvrir la porte à tous les excès, et faire la même remarque du moindre virage pris un peu rapidement dans un parcours de tacots...
Certains biais peuvent aussi poser problème. Celui du modèle notamment : Fuga da Atlantide à Gardaland a des rails très similaires à ceux des aquatrax Intamin, mais il semble difficile de considérer qu'il propose un quelconque parcours... Il est pourtant sur CC, tout comme le serait un watercoaster Mack qui ne proposerait qu'une descente directement dans un bassin d'eau (sans bosse).
BREF, on en cause on en cause, mais on est pas sortis de l'auberge !