Je vous copie-colle ici les 3 petits articles du Monde consacrés à EP et R.Mack car je ne sais pas s'ils sont accessibles aux non-abonnés :
Europa-Park 1/3.
Le deuxième plus grand parc d’attraction européen est allemand. A Rust, près de Strasbourg, Europa-Park a réussi l’exploit de bâtir son succès sur le thème de la construction européenne.
Et s’il y avait plus efficace, pour sensibiliser les jeunes à l’Europe, que la sortie de classe au Parlement de Strasbourg ? A Rust, en Allemagne, le goût en vient aux ados la tête en bas, à 100 mètres de hauteur, sur des montagnes russes.
Europa-Park est situé, à mi-chemin entre Colmar et Strasbourg, sur l’autre rive du Rhin. Alsaciens, Lorrains, Franc-Comtois et Bourguignons y font souvent une virée annuelle en famille. Les Parisiens connaissent moins car, pour eux, ce genre de divertissement se résume davantage aux domaines Disney et Astérix. Le parc du Bade-Wurtemberg opère pourtant une magie tout aussi spectaculaire : avoir fait de l’Europe, si souvent décriée ces temps-ci, un puissant argument commercial.
5 millions de visiteurs par an
Pour une bonne moitié, les clients de ce parc qui a débuté, le 28 mars, sa quarantième saison, ne sont pas allemands, mais français, suisses, belges, néerlandais et luxembourgeois. Une macédoine européenne de 5 millions de visiteurs (dont 1,3 million de Français) par an qui en fait le deuxième parc de loisirs du continent derrière Disneyland Paris. Pour comparaison, les concurrents Astérix et Futuroscope ne dépassent pas les 2 millions. Et même le premier parc au monde si l’on ne prend en compte que ceux pratiquant la pause hivernale.
Europa-Park, à mi-chemin entre Colmar et Strasbourg, sur l’autre rive du Rhin, rassemble une myriade d'activités sur 95 hectares.
La balade dans ce domaine de 95 hectares ressemble au tour d’Europe express des touristes – sans les trajets en bus. De pays en pays, d’une ambiance à l’autre, avec des façades, des odeurs de cuisine et des musiques qui diffèrent mais finissent par se confondre. Evidemment, la densité de clichés au mètre carré est plutôt forte. Ce dont on ne prend vraiment conscience qu’en arpentant le quartier français, avec son bistrot et sa boulangerie années 1950, sur fond d’accordéon.
"L’idée de l’Europe progresse dans l'esprit des enfants", croit Patrick Dilger, un jeune retraité président du fan-club français de ce parc qu’il fréquente depuis 1977.
Ailleurs, le poncif est folklorique. Et vaut support pédagogique pour les parents que l’on entend raconter les us et histoires des pays voisins à leur progéniture. Avant, qu’ensemble, ils ne s’envolent dans un bus à étage londonien, ne pratiquent le bobsleigh en Suisse, ne grimpent dans un bateau viking, une navette spatiale soviétique, ne longent un pan du mur de Berlin, une église en bois norvégienne, le théâtre rond de Shakespeare, ou n’aillent assister à un spectacle de flamenco du côté de la Plaza de toros.
L’UE déclinée à toutes les sauces
Le nouveau film censé transporter les spectateurs, sous le « Dôme des rêves » ? Beautiful Europe. La belle Europe, sur écran à 360 degrés. « Les spectacles de chevaliers et le nouveau dessin animé en 4D sont en allemand. Mais les enfants français n’y prêtent même pas attention, ils trouvent ça beau. Inconsciemment, l’idée de l’Europe progresse dans leur esprit », croit Patrick Dilger, un jeune retraité présidant, avec tout le sérieux requis, aux destinées du fan-club français de ce parc qu’il fréquente depuis 1977.
Et c’est vrai qu’avec des lunettes à effet 3D, sur des fauteuils qui fouettent les jambes par surprise, dans une salle où vent et neige tourbillonnent, les aventures de la mascotte du parc, une sympathique souris à grandes oreilles baptisée Euromaus, passent bien, auprès des plus réfractaires aux langues déclinées. Comme les envolées dans les grands huit Eurasat ou Euromir, à deux pas de la fontaine de l’Europe. Ou la commande d’un Euroburger, version bleu étoilée du Big Mac.
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Europa-Park 2/3.
Ce sexagénaire allemand est le grand architecte du succès du parc d’attraction Europa-Park, géré comme une PME familiale et doté de manèges faits maison.
Roland Mack semble avoir fait du pied-de-nez aux Etats-Unis un moteur de vie. « Nous avons un restaurant deux étoiles au Michelin. Parce qu’en Europe, on mange bien partout, même dans les parcs d’attraction », dit-il. Cofondateur et patron actuel du royaume de la souris Euromaus (qui ne va pas sans en rappeler une autre), au côté de son frère Jurgen, et avec l’aide de ses deux fils, cet ingénieur de 65 ans manie la comparaison anti-Disney avec l’assurance que confère un résultat commercial à trois chiffres — secrets.
Les attractions d'Europa-Park sont créées par les propriétaires du parc eux-mêmes, la famille Mack.
« Nous n’offrons pas que des manèges pour les ados, nous divertissons de 3 à 90 ans, et l’entrée adulte ne coûte que 42,50 euros ». Ou encore, l’air de rien : « Quand Michael Eisner, de Disney, a débarqué à Paris, il a soutenu que certes, l’hiver, ce n’était pas la Floride, mais qu’il suffirait de rajouter du marketing et du chauffage. Aujourd’hui, certains jours de février, leur parc perd un million d’euros… »
UNE ENTREPRISE FLORISSANTE
Dans un français fluide, Roland Mack passe vite sur sa longue généalogie de fabricants de roulottes de forains puis de manèges en bois (depuis 1880) ayant engendré, quand fut venue l’époque du roller coaster à sensations, la florissante société Mackrides, l’un des plus grosses du secteur.
Mais le colosse allemand s’anime dans son costume gris au souvenir de ce concours de dessin organisé par le Conseil de l’Europe qu’il a remporté à l’âge de 12 ans. Il en donne même, à qui ne le demande pas, le thème précis : « Trafic routier en Europe ». Naissance d’une vocation européenne. En 1975, lorsque son père, de retour des Etats-Unis, se pique de créer un parc d’attraction, il se bat pour imposer le thème de l’Europe qui ne vend pas franchement du rêve (commercial).
La moitié des 3 500 salariés d'Europa-Park sont français.
« J’ai eu raison. Ici, les gens se rencontrent et partagent alors qu’ils ne parlent pas la même langue. De toutes façons, dans la compétition mondiale, l’Europe, il n’y a pas d’autre choix, il faut y croire et voir le verre à moitié plein ». Un optimiste de la construction européenne moins flatté d’avoir reçu en son parc Bill Clinton que les membres de la Commission il y a trois ans ou l’ancien président du Sénat Alain Poher, ce dernier ayant eu le tact de lui prodiguer le compliment attendu : « Ici, vous construisez l’Europe des enfants. »
LES FRANÇAIS, CES VOISINS BIENVEILLANTS
Chaque année, plusieurs centaines de classes allemandes et françaises sont invitées à se faire, le même jour, des frayeurs sur les onze montagnes russes du parc.
Marcel Bauer, le maire (UMP) de Sélestat (Bas-Rhin), commune de 20 000 habitants toute proche, ne tarit pas d’éloges sur « l’humanisme et le professionnalisme » de la famille Mack, dont douze membres vivent dans le parc – pour l’entrée de la maison de Roland, passer par la forêt enchantée – afin d’en surveiller le fonctionnement quotidien, à l’ampoule près.
La moitié des 3 500 salariés d’Europa-Park sont français, ce qui aide à entretenir de bonnes relations de voisinage. « Beaucoup de jeunes de tout le sud du Bas-Rhin qui possèdent un minimum d’allemand vont y travailler l’été, ou y faire un apprentissage », rappelle le maire. Ses propres enfants y ont été saisonniers.
Tout cela vaut aux deux frères propriétaires du parc d’avoir été élevés à la double dignité de citoyens d’honneurs de la ville et de partenaires du corso fleuri du mois d’août. Le maire de Sélestat, cela va sans dire, est convié à chaque inauguration de nouvelle attraction. Il y entend, avec un intérêt qui jamais ne s’émousse, un discours enflammé sur l’Europe.
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Europa Park 3/3.
La success story du parc d’attraction peut se décrypter en six points. Il y est moins question d’europhilie que de sens des affaires.
En quarante ans, Europa-Park, le parc d’attraction de Rust, dans le Bade-Wurtemberg allemand, est passé de 250 000 à 5 millions de visiteurs par an. Pour fédératrice qu’elle soit, sa thématique européenne n’explique pas à elle seule ce succès. Voici les explications avancées par les clients et les spécialistes de ces lieux de divertissement.
1. UNE LOCALISATION STRATÉGIQUE
Europa-Park se situe à un carrefour européen, dans cette « région des trois frontières » où France, Allemagne et Suisse voisinent, et qui est riche d’autoroutes et d’aéroports. Pour l’instant, aucune navette du parc n’attend néanmoins les clients venus de région parisienne à la gare de Strasbourg, située à environ une demi-heure de route.
2. DES PRIX MOINS ÉLEVÉS QU’À DISNEYLAND PARIS
Il faut débourser 59 euros pour fréquenter Disneyland Paris le week-end (52 euros pour les enfants), contre 42,50 euros pour Europa-Park (37 euros pour les enfants). Par ailleurs, les clients du parc allemand évoquent souvent le fait qu’ils y ressentent moins de pression commerciale. Boutiques et magasins semblent effectivement moins omniprésents qu’au royaume de Mickey, ce qui facilite la tâche des parents.
3. DES ATTRACTIONS POUR TOUTE LA FAMILLE
La densité des attractions est importante, avec une cinquantaine de manèges sur 95 hectares (dont onze grands huit). Les manèges, jeux et spectacles accessibles aux jeunes enfants sont légion, les arbres et fleurs du parc séduisent les personnes âgées. Bref, toute la famille y trouve son compte.
Lire aussi : Europa-Park, l’Europe par les montagnes russes
4. DES NOUVEAUTÉS CHAQUE ANNÉE
Quinze millions d’euros ont été dépensés en nouveautés pour cette saison 2015, 25 millions l’avaient été en 2014 (avec l’attraction Arthur et les Minimoys), 50 millions en 2012 (un nouvel hôtel 4 étoiles)… Et 100 millions sont prévus, dans les années qui viennent, pour une vaste extension aquatique (et couverte) du parc. Selon Patrick Vicériat, qui préside l’Association des experts du tourisme (Afest), les patrons d’Europa-Park « ont su appliquer la recette qui fait le succès des parcs : réinvestir sans cesse. Pour faire revenir les visiteurs d’un parc d’attraction, il faut vraiment une promesse de nouveaux plaisirs. On note bien ici un bond de fréquentation à chaque grosse nouveauté dans les attractions, tous les deux ou trois ans. ». 85 % des clients du parc ont fait plusieurs visites.
5. UN MODÈLE ÉCONOMIQUE ÉPROUVÉ
Au départ, le parc avait pour vocation d’être le showroom des manèges Mack Rides, fabriqués à proximité, en Forêt-Noire. Les clients potentiels pouvaient ainsi voir fonctionner ces coûteux monstres de technologie avant de se décider. Le parc s’est étendu prudemment, au fur et à mesure du succès. « Une bonne trésorerie, donc une bonne capacité d’investissement, près du quart du chiffre d’affaires réinvesti dans les nouveautés, qui par ailleurs coûtent moins cher à la famille Macke puisqu’elle fabrique elle-même les manèges » : voilà le cercle vertueux décrit pas la déléguée générale du Syndicat national des parcs (le Snelac), Sophie Huberson.
6. DES FORMULES D’HÉBERGEMENT ADAPTÉES
L’offre massive d’hébergements (4 500 lits) de catégories différentes (du camping en tipis ou roulottes aux hôtels quatre étoiles supérieures) permet de transformer la visite d’une journée en mini-séjour de deux ou trois jours, la grande tendance du tourisme actuel.
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