Cyril92 a dit:
C'est si compliqué de fermement condamner ?
Non Lindbergh ne mérite pas d'avoir un hôtel à son nom dans un parc visité par plus de 2 millions de personnes par an. Point.
Non ce n'est pas parce que l'antisémitisme était une pensée répandue que c'est normal qu'il ait pu la partager.
Mais qu'est-ce que condamner, au juste ? Condamne-t-on un homme (tache ardue, voire impossible - ce n'est pas pour rien que le "jugement dernier" est administré par un être divin dans presque toutes les cultures) ou un acte ? Si on condamne un acte, ne peut-on pas aussi louer un acte ? Ne peut-on pas condamner Lindbergh pour ce qu'il pensait, et le louer pour ses qualités d'aviateurs ? Ce sont d'ailleurs pour ces qualités là qu'il était "adulé, adoré, populaire". Ça n'a pas empêché les USA d'entrer en guerre. D'ailleurs, suite à l'attaque de Pearl Harbor Lindbergh s'est déclaré favorable à une entrée en guerre... et il a clairement noté dans son livre qu'il a été choqué par l'horreur des camps de concentration.
Si je me fais ici l'avocat du diable, ce n'est pas pour "réhabiliter" Lindbergh, mais juste pour rappeler qu'il est impossible de "fermement condamner" un être humain. Encore une fois : rien n'est blanc ou noir. La relation de Lindbergh au nazisme est plus complexe que ce que tu nous décris.
Avoir l'humilité de se déclarer incapable - en tant qu'être humain - de condamner entièrement un autre être humain me semble me semble être la première étape pour accepter que le mal peut se trouver partout. Condamner l'acte et non l'homme est à mon sens le meilleur moyen de rester vigilant et de ne pas laisser la barbarie prendre le dessus comme dans les années 40.
De fait, compte tenu de cette immense complexité de l'être humain et de cette humilité nécessaire, je ne trouve pas choquant qu'un film
s'approprie un personnage historique (au hasard : Lincoln) pour aborder un autre élément qui l'intéresse (au hasard : le politicien idéal selon Spielberg) en
sélectionnant quelques aspects de ce personnage (les qualités d'orateur et de rhétoricien de Lincoln). Spielberg occulte les déclarations racistes d'Abraham Lincoln dans son film : est-ce un problème, dans la mesure ou celui-ci n'a pas la prétention d'être un document historique ? Après tout, de nombreux films sur Hitler occultent les qualités de ce personnage (c'est important de garder à l'esprit qu'Adolf Hitler était un être humain qu'une nation entière a suivi ! Il avait des qualités : sensible à la cause animale, , cinéphile averti, rhéteur extraordinaire... etc) pour se focaliser (à juste titre) sur ses actions abominables.
Bref, c'est bien ce que semble faire Phantasialand ici : s'approprier un personnage historique (Lindbergh) pour aborder un élément qui l'intéresse (l'euphorie des découvertes de l'aviation) en sélectionnant quelques aspects de ce personnage (le génie aéronautique de Lindbergh, et son ambition plutôt hors du commun)
La notion de mérite n'a je pense rien à faire ici.
Cyril92 a dit:
C'est comme les défenseurs de Polanski au final "c'était une autre époque tout était permis" bien sûr allons-y !
Non. Au risque de me répéter, ça n'a rien à voir : Polanski est en
procédure judiciaire, ce qui pose souci c'est le fait qu'il soit en liberté à réaliser des films alors qu'il est poursuivi pour des fautes graves. A l'époque de Polanski le viol n'était d'ailleurs pas permis... Donc l'analogie que tu fais me semble déplacée.
Par ailleurs je ne crois pas (mais je peux me tromper) que Lindbergh ait été poursuivi à son époque, si ?
Cyril92 a dit:
Oui il faut parler de ceux qui se sont battus face à cette pensée, eux ont le droit d'avoir des statues et des hôtels à leur nom !
Personne n'a affirmé qu'il fallait cacher ceux qui se sont battus face à la pensée nazie... Et ils ont des statues. Là non plus je ne comprends pas ton argument.
Cyril92 a dit:
Il suffisait de prendre un autre aviateur ou d'utiliser un personnage fictif.
Oui, c'est sûr que ça aurait été plus simple de se baser sur la fiction ! Surtout que Phantasialand est tout à fait capable d'inventer des choses formidables sans s'appuyer sur un nom historique ou une licence culturelle.