La chasse aux crédits, c'est même quand c'est pourri
Il devait s'agir d'une journée normale. Ensoleillée, jour de semaine non férié en Turquie, au milieu d'un petit séjour tranquille. On se lève, on se prépare, on sort de l'hôtel, et direction le bus. Une ligne locale qui nous déposera à quelques centaines de mètres du parc, sans possibilité de savoir où il se situe. En descendant du bus, après avoir reçu un signe des stambouliotes qui ont bien compris pourquoi nous étions à bord, nous frayons notre chemin vers Vialand, non sans demander quelques indications aux passants. Signe avant coureur d'une organisation pitoyable, les navettes qui lient le centre d'Istanbul à Vialand (situé en périphérie lointaine), ont été annulées sans qu'on ne sache pourquoi. D'où nos pérégrinations. Mais ça c'est rien du tout, bien sûr. Une petite merdouille, ça arrive. Bon, ça fait pas très pro, mais attendez de voir la suite. Allez, je le dis dans l'introduction : Nous n'avons JAMAIS, au grand JAMAIS, vécu une journée de parc aussi affreuse. C'est la pire journée de toute notre expérience de parkfans. Nous n'avons jamais vécu un truc pareil. En espérant ne jamais le revivre.
Après une vingtaine de minutes de marche, nous arrivons devant le parc, d'où scintille un bel et engageant Intamin.
Jusqu'ici tout va bien.
Jusqu'ici tout va bien.
L'important c'est pas la chute.
C'est l'atterrissage.
Le monde c'est rien. L'affluence est un mauvais paramètre mais n'empêche pas de visiter un parc. Mais si attendre n'est pas agréable, ça n'empêche pas de profiter de ce qu'un parc a à offrir, et de passer un bon moment entre potes. On fait les files tranquillement, on avance, on discute, et puis parfois, plus vite qu'on ne le croit, on arrive sur le quai de l'attraction. Oui, d'accord, mais là, c'est pas la même histoire.
Vous faites partis de ces gens qui sont agacés par le queue-jumping ? Genre quand un groupe de kékés passe devant tout le monde impunément dans la file de la ToT, en sautant par-dessus les barrières ? Alors imaginez que les seuls visiteurs normaux, qui fait la queue, c'est vous et votre copine, et que tous les autres groupes sont des groupes de kékés champions olympiques de queue jumping. Imaginez une file d'attente de 2h (pas de temps d'attente annoncé, bien sûr) dans laquelle vous passerez votre temps à vous battre des coudes et à vous serrer comme des sardines dans la chaleur parce que les groupes derrière-vous vous collent littéralement et n'attendent qu'une chose : c'est la brèche pour vous passer devant. Imaginez que tout ça s'étend à la file entière. On aurait pu faire 1h de file si on avait voulu, mais on ne voulait pas participer à la bousculade de façon active. Imaginez aussi que le grand-huit, qu'on aurait presque oublié dans l'histoire, à savoir Nefeskesen, ne tourne qu'à un train (l'autre est bien visible dans son staging, dont la porte ouverte donne sur la bécane). Imaginez en fait une sorte de pogo, d'accordéon, de bousculade qui dure 2h. Les mouvements incessants et fatiguant auront fait tomber 2 personnes dans les pommes. Tout ça pour faire un grand-huit. En gros, c'est la loi du plus fort. C'est celui qui bourinne le plus qui passe en premier. À la fin de cette abominable file, nous arrivons sur le quai. Et là, je n'ai qu'une envie : savourer mon ride, cependant très agacé. Après tout ça, c'est le minimum que je puisse faire.
Enfin dans cette putain de gare.
Nefeskesen est donc un Blitz Coaster Intamin composé de 2 inversions (Immelmann et In-Line Twist), avec un Top-Hat culminant à 50 mètres de hauteur et une vitesse de pointe de 110km/h. La différence avec iSpeed, ridé 1 mois plus tôt, c'est au niveau des trains. Il s'agit là des nouvelles lap-bars Intamin, et non des harnais guillotines qui entachent tant d'excellents rides. Ici, rien n'empêche de profiter pleinement du layout, et le sentiment de liberté s'y trouve décuplé. Mais Nefeskesen, aussi sympathique soit-il, n'est pas iSpeed. Tout en restant un bon grand-huit, il est aussi plus mollasson, et moins fou-fou, la nervosité étant quand même le nerf de la guerre pour ce genre de crédit. Le Top-Hat passe très bien, le premier camelback également, mais tout s'estompe dès l'Immelmann. La perte de vitesse se fait trop ressentir et il ne reste qu'un Over-Banked et l'In-Line Twist plutôt banales avant les freins finaux. Puis le layout est franchement court et peu inventif. Verdict, c'est un petit crédit sympa, mais qui ne propose rien de sensationnel. Mais ces lap-bars, décidément, ça change tout... Le jour où iSpeed en sera équipé...
Vous ne le voyez pas, mais il y a bien un train à l'intérieur. Ils attendent quoi concrètement ?
Vue d'ensemble de la bête.
Un angle un peu différent, où vous retrouvez tous les éléments.
La vitesse est jusqu'ici très bonne.
Un chouette Top-Hat en somme.
Le camelback avant l'Immelmann également.
Oui, je vous gâte avec les angles, je suis comme ça.
Hélas, une fois l'Immelmann passé, la perte de vitesse est trop importante.
Le layout est tellement court que c'est quand même dommage de priver les éléments qui suivent de cette vitesse.
Du coup, l'Overbanked et l'In-Line Twist ne sont pas des plus savoureux.
Et c'est déjà les freins finaux ! Ouais, ça laisse un peu sur sa faim.
Voilà. Nefeskesen c'est fait, et on n'y reviendra pas, hors de question. Allons nous changer un peu les idées avec un ride pour lequel on ne se bat pas (littéralement) aux portillons, à savoir Minik Kasifler, le Small World local.
Ici, c'est le calme plat.
Et c'est pas plus mal.
J'ai comme l'impression d'avoir déjà vu ça quelque part...
Bien sûr, ça ne casse pas des briques, mais c'est mignonnet.
Bien que les transitions entre les scènes soient assez brutales.
Bon, c'est pas tout ça, mais il reste deux crédits à aller chercher. Et la seule bonne nouvelle de la journée, c'est que Küçük Madenciler, le Kiddie SBF (une pomme, quoi) habituellement interdit aux adultes, nous a été autorisé. On a réussi à passer miraculeusement entre les mailles du filet. Et puis il n'y a pas d'attente. Envoyez le +1 !
Habituellement, il faut obligatoirement être accompagné d'un enfant.
Ils ont dû penser que c'était le cas en voyant Oriane.
Et ça nous permet de choper un crédit que j'avais déjà considéré comme infaisable !
Une sorte de +1 bonus en somme.
T'as jamais vu une pomme ou bien ?
Bon. Il reste encore un crédit à aller chercher. Et je crains le pire.
Le niveau de vie à Istanbul est très similaire à celui des grandes capitales européennes. C'est donc assez cher. Arrivés devant Maceraperest, le family Intamin, nous voyons de l'extérieur que la file est un bordel infernal très similaire à Nefeskesen. Ni une ni deux, nous partons nous renseigner pour connaître le coût des coupes-file du parc. Et là, blague, c'est le double du prix d'entrée, déjà assez élevé. Hors de question de claquer le budget du séjour là-dedans. On va faire un petit tour du parc histoire de se préparer psychologiquement au bordel qui va suivre, sachant qu'encore une fois, nous n'avons aucune estimation quant à la durée de la file, et qu'il fait chaud.
À Vialand, il y a beaucoup d'indétrônables du paysage parconautique.
Dans le même genre.
Ouais, bon...
Une machine à vomi des familles.
N'insistez pas, j'irai pas.
Une Free-Fall qui culmine dans le clocher.
Il y a aussi un Shoot the Chute qui n'a pas l'air très ouvert pour le visiteur.
De même pour le raft.
Çilgin Nehir, c'est son nom.
Nefeskesen est gracieux du haut de sa colline.
C'est toujours très agréable à l’œil !
Un 4D Bob l'éponge en turc ? Nan, ça ira !
Une allée plutôt jolie, même si globalement c'est pas la panacée.
Ah ouais, là ça pique les yeux.
Bon, on a assez traîné et bien il est temps de s'y confronter.
Je vois d'ici l'enfer arriver. Évidemment, pas de panneau qui t'indique un temps d'attente.
Parce que quand bien même on aurait eu un temps d'attente, il dépend vraiment des gnons que t'es capable de mettre et de ton engagement corporel. Tu peux mettre 45 minutes comme 90. D'ailleurs nous l'avons constaté, assez atterrés. On a repéré dans un train des types qui étaient derrière nous dans la file alors qu'on en était encore à la moitié. Prodigieux ! Puis comme il n'y a qu'un train sur le parcours... Comme Nefeskesen, coups de coudes pendant toute l'attente, bousculades, les parents à l'extérieur qui gueulent contre leurs enfants pour qu'ils doublent les gens afin qu'eux n'attendent pas trop longtemps dehors, les ados et les adultes de la file font de même, c'est l'enfer. Avec Oriane, on se tenait la main, et on a tendu les bras pour faire comprendre qu'il ne fallait pas passer. On a fait 10 minutes comme ça, et la pression sur nos bras fût telle qu'on a finit par céder, et qu'une cinquantaine de personnes nous sont passées devant. Comme ça. C'est la fête. J'ai été un peu emporté dans la bousculade, mais pas Oriane, qui est resté quelques mètres derrière.
Vous voulez qu'on joue à "Où est Charly" ?
Oriane, c'est la blonde, quelque peu agacée qui n'a pas été emportée avec moi.
Oriane, c'est la blonde, quelque peu agacée qui n'a pas été emportée avec moi.
The Walking Dead.
Allez-y, comptez les groupes. Vous n'y arrivez pas ? C'est bien le bordel hein !
La vraie victoire, c'est pas tant d'être arrivé sur le quai
que d'avoir gardé son sang froid sans foutre une droite à quelqu'un.
que d'avoir gardé son sang froid sans foutre une droite à quelqu'un.
Maceraperest est donc un grand-huit très fluide, qui glisse tout seul comme sur des skis, mais bien mollasson, avec des légers floatings sur les deux camelbacks et avec une vitesse un peu à la ramasse. Le layout est beaucoup trop ample pour que la first drop suffise à insuffler au train la vitesse nécessaire pour passer les éléments rapidement. En même temps, quand on voit ledit layout... Des virages de 3km, 2 camelbacks et un léger EGF turn... Un Gerstlauer de la même catégorie fait bien mieux le boulot.
La mascotte, Captain Gaga, à ne pas confondre avec notre gaga national.
Le grand-huit dans son ensemble.
C'est pas que ça manque de hauteur, c'est plutôt le layout qui manque d'inspiration.
D'ailleurs, un simple coup d’œil à la vitesse du train suffit à s'en rendre compte.
Helix sur helix...
L'EGF Turn est très gentillet.
Les camelbacks fournissent de légers floatings.
Ah tiens ! La dernière attraction qu'on souhaitait faire est ouverte ! Sinon on allait faire Viking....AAAAAAAAAAH NAN ! Nan, nan, et nan !
Et ça vient juste d'ouvrir !
Hahaha ! No way...
Allons plutôt faire du Dark Ride intéractif. À savoir Safari Tüneli.
C'est bien ici.
Oh merveille ! Y a pas d'attente !
Bon, le seul problème, c'est que cette attraction, c'est le Moyen-Âge. On faisait les mêmes y a 15 ans. Rabattons-nous sur Zindan alors, un Dark Ride non-intéractif. Même schéma, c'est daté de chez daté, et en plus c'est scénographiquement nul. Je m'autorise le néologisme.
Ils ont fait un copié-collé de Safari Tüneli comme dans RCT3, en changeant juste la déco à l'intérieur.
Et c'est tout aussi peu probant.
C'est censé être un train fantôme en plus exotique, mais ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas beau du tout.
Bon... Qu'est-ce qu'on fait ?... On prend notre courage à deux mains ? On commence à avoir l'habitude des pogos de 3 plombes pour arriver à une attraction avec 2 bleus supplémentaires ! Alors allons-y...
La maxime que mes potes et moi partageons : "on fait tout ou on fait rien", prend ici une autre dimension.
Et évidemment, ça n'a pas loupé. Ça a à nouveau été un boxon sans nom. L'objectif, là, c'est de buter personne et d'éviter la crise de colère. Alors on respire, et on subit.
Encore une fois, c'est pas tant le monde que la façon dont ça se passe.
Tout ça pour finalement faire un Shoot the Chute à la déco cheap et qui commet qui plus est la rare impolitesse d'être très avare en humidité. Génial.
Ça va tranquille ? Tu veux pas qu'on te serve un ricard non plus ?
Même dans le lift il reste assis là. Il s'en tape le cul.
Et puis même debout dans la drop, tranquille Émile. Il s'est cru dans le bus celui-là.
On va terminer cette journée avec un petit Dark Ride surprise plutôt bienvenu. Fatih'In Rüyasi est un boat ride qui sillonne à travers des scènes qui retracent l'histoire de l'empire ottoman. L'attraction n'est pas parfaite, loin de là, mais propose des décors à la fois grands et soignés, avec une vraie atmosphère, d'ailleurs très sombre, qui s'en dégage. C'est un petit coup de cœur que voilà, et d'autant plus sympathique qu'il clôture une très mauvaise journée dans un parc à la gestion calamiteuse et aux incivilités jamais constatées ailleurs.
Après un préshow dans la piaule d'Harry Potter qui s'envole au pays des rêves, il est temps d'embarquer.
La gare est vide et laide, contrairement à ce qui suit.
Allez, et que ça bosse ! On n'est pas en RTT là !
Les scènes sont très grandes, malheureusement le plafond n'est pas vraiment camouflé. M'enfin.
Johnny s'en va-t-en guerre.
Ah là, casser quelques gueules, ça me défoulerait aussi je vous avoue.
Ah oui oui, des coups de canon dans la tronche, ça ferait l'affaire !
Le retour du roi.
Harry Potter en sultan ottoman, c'est un futur spin-off ?
Et bien mes enfants ! Que ce fût dur ! Que ce fût lamentable ! Pas le parc en lui-même, d'ailleurs plutôt lambda, mais tous les à-côtés. Mais à part Nefeskesen, grand-huit sympathique mais pas incontournable, et Fatih'In Rüyasi, le Dark Ride dont je viens parler, est-ce que tout cela valait la peine ? Bah non bien sûr. Rien ne vaut la peine dans ces conditions, alors d'autant plus quand il n'y a rien de vraiment reluisant. On repart avec un +3 durement gagné, et avec une journée dont on se souviendra toute notre vie, mais pas pour les bonnes raisons. Le pire c'est qu'il n'y avait pas une affluence de dingue, mais l'offre du parc est très limitée et tout le monde était agglutiné sur 3 rides. Un bon gros week-end là-dedans, c'est un coup à tourner dingue. Heureusement que c'était un lundi ! On aura quand même réussi à passer cette journée sans foutre une seule droite à qui que ce soit, et on n'en est pas peu fiers.
Tirons-nous de cet enfer maintenant !
Et plus vite que ça !
Allez ! À jamais Vialand !
Il est temps de foutre les voiles. Et je n'ai jamais été aussi heureux de quitter un parc. En préparant cette journée, nous avions lu que Vialand affrétait des navettes jusqu'au centre d'Istanbul. Sachez que le parc est à plus d'une heure de route de Sultanahmet, le grand quartier touristique où se trouvent Sainte-Sophie et la mosquée bleue. Bien. Le bus n'est visiblement pas annulé, mais il n'arrive pas avant 1h. C'est malin. Qu'à cela ne tienne, allons nous balader un peu dans la zone commerciale adjacente au parc, et profitons-en pour nous asseoir un moment et boire un coup, histoire de récupérer après cette infâme journée. Il n'y a plus qu'à attendre le bus. L'heure passe, et rien à l'horizon. Une annonce nous informe que le bus aura 30 minutes de retard. Soit, la circulation est très dense à Istanbul, alors pourquoi pas. Nous sommes à peu près une centaine à attendre. Nous espérons donc qu'il y aura au moins deux bus pour que tout le monde puisse monter. Et c'est alors que le fameux "bus" se pointa...
NIQUE. TA. RACE.
10 places. 10 putains de fucking places. Le conducteur, un autre connard qui fait monter les gens (le conducteur ne pouvait-il pas s'en occuper seul ?), et 10 pégus. Pour les 90 autres, c'est démerdez-vous. Les lignes de bus étant assez bordéliques, et celle prise ce matin ne passant plus après 13h, amuse-toi à rentrer à plus d'une heure de là. Sachant que les turcs ne parlent pas un seul mot d'anglais en-dehors de Sultanahmet. On aura mis 2h à rentrer en jonglant entre diverses lignes de bus. Une conclusion parfaite pour une journée parfaite.