Le parc d’attractions va revivre. Placé en redressement judicaire en novembre dernier, Walygator a vécu un hiver à rebondissement. Laissant planer le doute sur le sort du premier parc d’attractions de l’Est de la France, le tribunal de Metz a finalement tranché.
«On a gagné !» s’exclame Jacqueline Lejeune après la décision de la Chambre Commerciale de Metz. Ce mercredi 6 mars est un jour historique pour le parc d’attractions de Maizières-lès-Metz qui va bientôt fêter son vingt-quatrième anniversaire. Les frères Le Douarin, deux forains originaires de Champagne-Ardenne avaient repris le site en 2006 alors qu’il était à ce moment là aussi au bord du gouffre. En quelques années grâce à une dynamique dans les investissements, Walygator reprend des couleurs et séduit le public de la Grande Région. Mais dès 2011, le parc d’attractions doit faire face à des dépenses de plus en plus élevées. La météo est mise en cause mais c’est bien la gestion qui est pointée du doigt. Elus locaux, salariés, partenaires, clients, ils sont de plus en plus nombreux à critiquer la gestion des deux forains. Entre temps, ils investissent dans le milieu de la nuit. Là aussi, c’est un échec Face aux dettes, Didier et Claude Le Douarin s’entourent d’un entrepreneur, Philippe Felt qui propose de prendre 51% des parts de la société et de mieux gérer le parc. Echec là aussi. La Présidente du Tribunal donne ses faveurs au dossier porté par quatre entrepreneurs. Un nouveau chapitre s’ouvre.
Le changement, c’est maintenant
Une ouverture reportée. Le parc devait rouvrir fin mars. Finalement, les nouveaux propriétaires ont annoncé leur intention d’ouvrir le site au public d’ici la mi-mai ou début juin. «Ca dépendra de l’avancement de notre travail. Il va falloir se retrousser les manches» selon Eric Lucas qui devrait gérer la communication de Walygator. On devrait voir de nouveaux les grilles ouvertes vers le mois de juin. En 2014, le parc ouvrira bien ses portes aux vacances de Pâques puis fermer aux vacances de la Toussaint en novembre comme d’habitude.
Walygator va changer de nom. Si le parc n’est pas mort, l’alligator quant à lui servira certainement de sac à main ou de chaussures. Les quatre nouveaux associés cherchent un nouveau nom pour le parc d’attractions mosellan et une nouvelle mascotte. Après les Schtroumpfs, un kangourou belge, un alligator lorrain, c’est de nouveau un animal qui devrait emporter les faveurs des nouveaux dirigeants. «On veut un nom rassembleur et à dupliquer pour les produits dérivés». Il devrait plaire aux enfants, cœur de cible du parc. Des agences de communication de la région travaillent sur le projet. Avril serait le mois privilégié pour faire des annonces puis lancer une nouvelle campagne de communication. Eric Lucas veut un changement profond d’image.
Les emplois sauvegardés. Les quatre nouveaux associés se sont engagés devant le Tribunal à sauvegarder l’ensemble des emplois, c’est-à-dire 41 personnes qui travaillent toute l’année au parc. Les 250 postes de saisonniers seront aussi conservés. «Notre priorité est de rassurer le personnel». Trois des quatre associés connaissent bien les collaborateurs. La majorité va être conservée. Un changement de DRH et le recrutement d’un Responsable Qualité ainsi que de nouveaux spécialistes d’attractions (charpentier, électricien…) sont à l’ordre du jour. Pour les 1 000 CV reçus lors d’une grande journée de recrutement organisée par l’ancienne direction, Eric Lucas affirme qu’il se basera sur le travail effectué par les Le Douarin.
Des rénovations et des travaux importants. Ils seront faits au fur-et-à mesure. Dès aujourd’hui, le parc va engager des travaux de rénovation sur les infrastructures de restauration, de spectacle et bien sûr les attractions en panne ou vétustes. «Nous allons nous séparer d’attractions qui sont en location. Longchamps, Dark Tower, Tang’Or, Pirator, Tea Cup vont dire au-revoir aux visiteurs. Les attractions foraines (une dizaine) appartenant aux frères Le Douarin ne devraient pas être conservées. 400 000 euros seront injectés dans les premiers travaux.
Une zone indoor pour les enfants. «Ca n’aura rien à voir avec le parc indoor qui va se construire à Amnéville» prévient Jacqueline Lejeune. Pour 200 000 euros, le nouveau parc du feu crocodile va installer des nouveaux manèges pour enfants… dans une zone couverte. «Important pour la région, la météo nous y oblige». L’objectif de la nouvelle direction est de satisfaire toutes les tranches d’âge et même les accompagnants qui ne montent pas sur les manèges.
De nouvelles attractions ? Une enveloppe globale d’au moins 2 millions d’euros pourrait être consacrée à l’achat de nouveaux manèges. Des contacts sont déjà engagés avec des constructeurs européens. «Des acomptes sont déjà versés» nous a affirmé Jacqueline Lejeune. Pour elle, pas besoin pour l’instant de «grandes attractions» mais des attractions adaptées à tous les publics. En bref pas de projets délirants de giga grands-huit, la direction a les pieds sur terre.
Un projet hôtelier. Eric Lucas nous a confirmé un projet immobilier dans l’enceinte du parc. Un hôtel pourrait voir le jour. «Des négociations sont engagées avec un groupe hôtelier français. Ce sont des professionnels». Le contrat serait en passe d’être signé. Mais pour le moment, pas plus de bavardages autour du projet.
Des tarifs qui devraient baisser. Si vous êtes en possession d’un billet ou d’un abonnement annuel acheté pour la saison 2013 pas de panique. «Nous allons communiquer prochainement vers les clients pour rétablir leurs droits» confirme Eric Lucas. Comprenez que vos billets seront bien valables même sous la même direction. Quant aux prix d’entrées, ils devraient être revus à la baisse selon nos informations. «30 euros pour ce parc c’est trop, on va baisser. Le prix du pass annuel devrait baisser aussi puisqu’on va ouvrir plus tard que mars» confie Lejeune.
Des versements d’argent louches
La gestion des frères Le Douarin épinglée. La Chambre Commerciale a épluché les comptes gérés par les frères Le Douarin. Elle a relevé de nombreuses erreurs de gestion. Le plus surprenant est certainement les versements d’importantes sommes d’argent provenant du parc vers les autres sociétés des deux forains. L’argent qui provenait des recettes du parc étaient en effet utilisées pour le rachat et l’investissement dans le milieu de la nuit à Metz. Didier et Claude ont géré jusqu’à sept établissements de nuit en même temps. Depuis, le Cotton Club a été liquidé et cherche lui aussi un repreneur. Ils vont tout de même continuer à gérer certaines discothèques à Metz et Thionville mais selon nos informations, ces sociétés aussi connaissent des difficultés. Les projets The Monster et Walywood (qui n’est jamais sorti de terre) ont causés bien des problèmes aux comptes de la société. Les magistrats ont aussi critiqués la gestion sociale de l’entreprise. Les salariés n’étaient en effet plus payés sauf sous contrainte des Prud’hommes cet été et de la Chambre Commerciale cet hiver.
Une passation tendue. Cette passation de «pouvoir» s’annonce plus tendue qu’une élection présidentielle ! Les frères Le Douarin comptent bien se battre pour récupérer leur parc. Leur avocat a fait appel de la décision du Tribunal. Toutefois, la société sera bien liquidée le 13 mars et l’appel des perdants n’a pas de caractère suspensif au processus de cession du parc ordonné par les magistrats messins. Au-delà de l’appel, les relations entre les deux camps étant déjà très tendues avant la décision de la Chambre, elles ne se sont pas arrangées après coup. Jacqueline Lejeune dénonce des menaces de mort proférées par les Le Douarin et se dit prête à saisir le Parquet de Metz. Enfin, une douzaine de gardiens privés sont postés devant le parc pour éviter que les frères Le Douarin «ne repartent avec des manèges» a affirmé Jacqueline Lejeune. Ca promet…